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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/353

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ACTE V, SCENE II 16S

Nous lui devons nos biens, nos jours sont en sa main, i6I5

Et jamais on n'a droit sur ceux du souverain.

jEMILIE.

Aussi, dans le discours que vous venez d'entendre, Je parlais pour l'aigrir, et non pour me défendre.

Punissez donc, Seigneur, ces criminels appas Qui de vos favoris font d'illustres ingrats; 1620

Tranchez mes tristes jours pour assurer les vôtres : Si j'ai séduit Ginna, j'en séduirai bien d'autres, Et je suis plus à craindre, et vous plus en danger, Si j'ai l'amour ensemble et le sang à venger.

GINNA.

Que vous m'ayez séduit, et que je souffre encore 1625

D'être déshonoré par celle que j'adore!

Seigneur, la vérité doit ici s'exprimer: J'avais fait ce dessein avant que de l'aimer. A mes plus saints désirs la trouvant inflexible,

Et qui n'ose commettre an crime qui conronae

Observe à ses dépens une lâche vertu. {InnocetUe infidélité, I, n; FV, i.)

A tout prix nn grand cœur achète un grand crédit,

Et tout crime est permis quand il nous agrandit. {BéU$aire, II, ▼.)

81S. Le même Rotrou avait dit (Don Lope, V, n) :

Un bon sujet doit tout an repos de son roi. Et Corneille lui-même :

Notre sang est son bien, il en peut disposer. {Horace.) Sur ces maximes servîtes, qui sont en contradiction apparente avec les maximes républicaines d'Emilie, et qu'Emilie semble accepter cependant, voyex la note des v. 990 et 451.

Î618. Sur le sens d'aigrir (exacerbare) , et à'aigreur, voyez la note du v. 642. 1622. M. Guizot reconnaît dans ce vers l'orgueil d'une héroïne de roman du zni* siècle. Au reste, huit ans auparavant, dans Clitandre (III, y), Corneille fai- wit dire à Pymante, par Dorise :

si tu ne crains mes bras, crains de meilleares armes.

Crains tout ce que le ciel m'a départi de charmes :

■Tn sais quelle est leur force, et Ion cœur la ressent;

Crains qu'elle ne m'assure nn vengeur plus puissant.

Ce courroux, dont tu ris, en fera la 'îon((uéte

De quiconque à ma tiaine exposera ta tète,

De quiconque mettra ma vengeance en mon choix.

1624. Var. Ayant avec un père un amant à venger. (1643-S6.)

ùang, qui a été substitué à pire, a, très souvent, chez Corneille le sens df race, famille, parent :

En épousant faaline, il s'est fait votre sang. (Polyeucte, 923.)

<628. On dit plutôt aujourd'hui former un dessein que faire un dessein ; mai» cette dernière locution est-elle si incorrecte que le prétend Voltaire, dans sa cri tique du v. 703 d'fféraclius? MM. Littrô et Marty-Laveaui ne le pensent paf On la trouve, en effet, dans le Dictionnaire de l'Académie ; Bossuet s'en est servi et Corneille lui-même devait la reprendre bientôt au v. 15 de Polyeucte: Elle oppose ses pleors an dessein que je fais.

i6S9. Var. A mes chastes désirs la trouvant inflpxible. (1643-60.)

La variante aous parait meilleure que le texte ; mais ce mot de saint est trii

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