Aller au contenu

Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

174 CINNA

Commençons un combat qui montre par l'issue 1703

Qui l'aura mieux de nous ou donnée ou reçue.

Tu trahis mes bienfaits, je les veux redoubler ;

Je t'en avais comblé, je l'en veux accabler.

Avec cette beauté que je t'avais donnée,

Reçois le consulat pour la prochaine année. 1710

Aime Cinna, ma fille, en cet illustre rang; Préfères-en la pourpre à celle de mon sang; Apprends sur mon exemple à vaincre ta colère. Te rendant un époux, je te rends plus qu'un père.

jEMILIE.

Et je me rends, Seigneur, à ces haules bontés; 1715

Je recouvre la vue auprès de leurs clartés;

Je connais mon forfait, qui me semblait justice,

Et, ce que n'avait pu la terreur du supplice,

Je sens naître en mon âme un repentir puissant,

Et mon cœur en secret me dit qu'il y consent. 1720

Le ciel a résolu votre grandeur suprême, Et pour preuve, Seigneur, je n'en veux que moi-même : J'ose avec vanité me donner cet éclat. Puisqu'il change mon cœur, qu'il veut changer l'État.

1705. Cette métaphore du combat, de la rivalité toute morale qu'Auguste pro- pose à Cinna, se retrouve dans Sénèque : « Vitain tibi, inquit, Cinna, iterum do, prius hosti, nuno insidiatori ac parricidae. Ei bodierno die inter nos amicitia incipiat. Contendamus \itrum ego meliore Dde vitam tibi dederim.an tu debeas.»

1707. Remarquez — outre je les veux redoubler, légère inversion, familière aux auteurs du xvii* siècle — le verbe trahir ayant pour régime direct un nom de chose.

1710. « Post haec detiilit ultro coDSuIatum.» (Sénèque.) Cinna fut consul l'an 5 avant Jésus-Cbrist (an 757 de Rome), en même temps que Valérius Messala. Son consulat, au témoignage de Dion Cassius, fut signalé par toutes sortes de fléaux, tremblements de terre, inondations, famine.

1712. * La pourpre du sang est intolérable; cette pourpre, comparée au sang,

Farce qu'il est rouge, est puérile. » (Voltaire.) — Corneille a écrit préfères, k impératif, avec un s ,• ce n'est point une licence poétique, mais une vieille règle, tombée aujourd'hui en désuétude, quoique très logique. La seconde per- sonne, dans nos conjugaisons, est essentiellement différenciée à l'œil et à l'oreille par un », et l'impératif étant une seconde personne, Ys était réellement néces- saire. Voltaire fut un des premiers à donner l'exemple de ce retranchement, ce qui ne l'a pas empêché d'écrire dans la Henriade:

Retranches, ô mon Pieu, dos jours «le ce grand roi.

1713, Sur mon exemple, c'est-à-dire, d'après mon eicmple.

1715. Emilie a enfin rencontré une grande âme qui domine la sienne ; elle courait an-devant de la mort ; le pardon la trouve désarmée. « La récom- pense d'Auguste ne se fait pas attendre : Emilie, avec une rapidité d'im- pressions où l'élan de la femme se joint à la grandeur de l'héroïne, s'honore de Be sentir vaincue. » (H. de Bornier, la Politique dans Corneille.)

1717. /e connaw, pour : je reconnais.

1718. Ce que n'avait pu, sorte de parenthèse ou d'apposition elliptique au »ers suivant ; il faut entendre : ce que n'avait pu produire en moi.

1724. Il faut convenir que ces deux vers manquent au moins de netteté. C€t 4ei(tt a le sens de cette pensée orgueilleuM.

�� �