Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/380

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«6 POLYEUCTE

Vous ne me devancez que d'un simple moment.

Qu'à l'objet du péril votre âme ne s'étonne :

pieu du plus haut des cieux vous tend une couronne

Heureuse Théopiste, admirez votre sort :

Vous allez au triomphe, et non pas à la mort.

— En effet, ces degrés sont des degrés de gloire.

J'approche du comhat. — Dites de la victoire .

AU contraire, après Polyeude, et comme si Corneille avait «teint du premier coup le but que s'était proposé du Rver, t ramener la poésie à son ancienne inslilulion^ », les Saint' Jacques, les Saint Jean-Baptiste, les Sainte Cécile, les Sainte Ursule pullulèrent. Les martyrs furent à la mode. Corneille lui-même éprouva la tentation imprudente de se répéter, et ne se répéta qu'en s'atfaiblissant. Voici une liste, encore fort incomplète, des essais que provoqua le succès de Polyeucte. Nous l'empruntons aux frères Parfaict, à l'abbé Delaporte, à M. Delavigne, à M. Person, en y joignant le résultat de quelques recherches personnelles.

■1642. — Le Martyre de saint Eustache, de Desfontaine. La situation y est la même que dans le Saint Eustache de Baro. Loin de consentir à remercier les dieux de sa victoire, Eustache laisse éclater son mépris pour « ces dieux impuis- sants » qui ne disposent point du sort des batailles :

Vos MarSj vos Jupiters, vos Jupins, vos Hercules, Des esprits aveuglés fantômes ridicules, Ne sont que vils métaux et corps inanimés, Que la main des mortels et le fer ont formés. Mais Celui qui nous met en l'état où nous sommes Est l'arbitre des rois et le maître des hommes.

Le même Desfonlaine, rimeur médiocre, fit représenter en 1644 un Saint Altxis qui n'a de remarquable qu'une loin- taine analogie avec Polyeucte (Olympie, femme d'Alexis, suit son mari dans la mort), et, en 1645, un Martyre de saint Genest, antérieur, mais bien inférieur aussi à celui de Rolrou. « Pamphilie, qui est véritablement aimée de l'acteur Genest, essaye de l'attendrir. C'est la grande scène entre Polyeucte et Pauline, reprise dans des circonstances analogues, mais avec des comédiens pour héros. Le souvenir des vers da Corneille semble poursuivre l'auteur et s'imposer presque do vive force :

��1. Delavigne, la Tragédis chrétienne au xvn' siiclt, i. Préface du Saûl de du Rjer.

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