Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/446

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

82 POLYEUCTE

FA que sur mon époux leur troupeau ramassé 25S

Ne venge tant de sang que mon père a versé.

STRATOiMCE.

Leur secte est insensée, impie el sacrilège,

Et dans son sacrifice use de sortilège;

Mais sa fureur ne va qu'à briser nos autels :

Elle n'en veut qu'aux dieux, et non pas aux mortels. 2G0

Quelque sévérité que sur eux on déploie,

Ils souifrent sans murmure, et meurent avec joie;

Et, depuis qu'on les traite en criminels d'État,

On ne peut les charger d'aucun assassinat.

PAULINE.

Fais-Loi, mon père vient.

SCÈNE IV.

FÉLIX, ALBIN, PAULINE, STRATONICE.

FÉLIX.

Ma fille, que Ion songe 265

En d'étranges frayeurs ainsi que toi me plonge !

(carmen) d'enchantement, prestige magique, vertu surnaturelle. La Médée de Corneille dit, en de bien mauvais vers :

J'ai seule par mes charmes

Mis an joug les taureaux et diifalt les gens d'armes. {Médée, II. 2.) Il se tait, el ces mots semblent être des charmes. (Horace, 819.)

253. Je crains les charmes et nue ; cette construction qui donne à un même verbe des régimes de nature dilTerente est familière à Cùriieille : Je le sais, ma princesse, et (ju'il vous fait la cour. (Nicomcde, ii.)^

Ramassé sur, se réunissant pour s'attaquer à.

257. Ce mot de sacrilège reviendra au v. 784, et ce sera encore Stratonice qui le prononcera. Déjà commence à se dessiner l'étroit fanatisme de ce carac- tère. Voyez l'Introduction. — « On confondait, dans l'origine, les chrétiens avec les juifs; plus tard on les confondit avec les devins et les sorciers. Quelques-iines de leurs pratiques paraissaient semblables en effet aux scènes rioclurnes des ma- giciennes, et la société élégante et polie de Rome les associait sans peine à ces mages, à ces disciples de la cabbale qui prédisaient l'avenir, affirmaient la des- tinée et défiaient le sort contraire par leurs mystérieuses conjurations. La ma- nière dont Suétone, Tacite et Pline parlent des chrétiens le montrait déjà; l'ar- chéologie le confirme. Les représentations symboliques qu'ils employaient — comme la figure du poisson représentant le Christ, comme les pains, la coupe de vin et autres signes, expliqués aujourd'liui — prouvent que Corneille ne se trompait pas on mettant ces paroles dans la bju'^he de Stratonice. » (DESJABDiiii, le Grand Corneille historien.)

239. Ne va qu'à briser, n'a pour but que de briser :

Mon dessem ne va i^u'à tous faire justice. (Don Sanche, 834.)

262. Voir l'Introduction sur cette joie que manifestent les chrétiens en prd- aente du martyre.

�� �