Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/45

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ÎNTËODUCTtON 5i)

Ij'fique les sujet? que nos grands mailrea ont déjà traitas sar la scène française. Tout ce que dit l'auteur pour comlialiir cette assertion avait di'-jà été Justifié par les succès des deux Iphigénies, d'A/c«/e, de Bidon, à'Andromaque et de Chi- mène (opéra de Guillard et de Sacchini, 1784). Mais ce qu'il ne dit pas, ce qu'il aurait dû sentir et que la chute de son opéra des Horaces n'a que trop prouve, c'est que des tragé- dies dont l'intérêt est fondé essentiellement sur les sentiments d'un héroïsme austère sont peu propres à un théâtre consacré particulièrement à la musique. C'est par cette raison que les tragédies grecques, et surtout celles qui ont été embellies par le génie rie Racine, réussiront toujours plutôt sur le théâtre de l'Opéra que celles que la grande àme de Corneille a puisées dans l'histoire romaine'. »

Travesti en ballet ou en opéra, Horace ne pouvait être que dénaturé: mais au théâtre, sur la scène française, pour parler comme Grimm, il n'était pas défendu de le renouveler par l'interprétation. Dans une certaine mesure, qu'il est dan- gereux de dépasser, les acteurs peuvent se faire les collabo- rateurs du poète, préciser les nuances indécises, en effacer à demi d'autres trop criantes, mettre en lumière quelque^s pas- sages restés avant eux dans la pénombre, donner même à certains un sens inattendu et tout à fait nouveau. Pour ce dernier rôle, si délicat, le zèle ne suffit point ; il y faut, outre un grand tact, un sens littéraire très (In, presque du génie, et le génie est rare, même chez les acteurs. C'était un acteur de génie que Baron, le meilleur élève de Molière. 11 avait remarqué ((ue la plupart des acteurs exagéraient la dureté du jeune Horace, qui aime Curiace, après tout, qui le lui dit, alors même qu'il le repousse, qui voudrait racheter son sang de sa vie, et qui s'écrie pourtant :

Albe vous a nommé; je ne vous connais plus.

« Si l'on prend ce vers dans la précision rigoureuse des termes, comme plusieurs acteurs l'ont pris, Curiace a raison de répondre :

��1. Grimm avait raison ; mais l'insuccès de Salieri ne découragea pas les l>nt. tateurs : le 12 vendémiaire an IV, F'orta donna au théâtre des Arts un Horace, avec musique nouvelle, ot texte du même Guillard, et le théâtre des Troubadouis le parodiait sous ce titre fantaisiste: les Voraces et les Coriaces. Au débii même de re siècle, n'a-ton pas vu paraître les Horaces, de Monfol-Sérign» (Pages, ISOl), tragédie lyrique en trois actes et en vers libres, qui n'affronta pas, il est vrai, la scène? Nous ne parlons pas des imitations faites à l'étranger, Mmme Gli Orazi et Curiasi, dramma per musica in tre atti, de Cimaros».

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