Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/46

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Je rends grâces au ciel de n'être pas Romain, Pour conserver cncor quelque chose d'IiMUiaiu* ;

car l'humanité ne comporte pascepassai^e rapide d'une amiti' <'iiilnble à uneplcine iiidili'érenee, el l'âiiie la plus l'orle ne ^^ rommande pas avec tant d'autorité. Baron avait l'ai-t ■({> I mettre le pei'snnnage dans le naturel en prononçant avci liii -reste d'atlendrisscinent :

Albe vous a nommé; je ne vous connais plus,

de sorte que cela signifiait seulement : « Je neveux plus vous connaître, je combattrai comme si je ne vous connaissais pas. » Celle finesse est sans doute d'un excellent acteur, et noire Roscius dit que Corneille aiiln^lois en avait clé surpris cl Feu avait félicité-. » Que Corneille ait été surpris de celle inter- prétation nouvelle, nous le comprenons; mais avait-il raison d'en féliciter l'acteur? Peut-être^.

« Baron, certainement, n'eût pas fait la même chose que Beaubourg «, c'est Tabbé Nadal qui nous l'assure. El qu'avait donc fait Beaubourg? Le même abbé va nous l'apprendre : « La demoiselle Duclos, une de nos plus célèbres comédiennes, autant par les grâces de sa personne que par la beauté de sa voix et la noblesse de son action, jouait le rôle de Camille, el, lorsque après ses imprécations contre Rome victorieuse et contre ce qu'elle se devait à elle-même aussi bien qu'à sa patrie, elle sortait du théâtre avec une sorte de précipitation, elle l'ut assez embarrassée dans la queue traînante de sa robe pour ne pouvoir s'empêcher de tomber. L'acteur, plus civil qu'il ne convenait à la fureur d'Horace outré de tous les propos injurieux de sa sœur, ûla son chapeau d'une main et lui présenta l'autre pour la relever et pour la conduire avec une grâce allèclée dans la coulisse, où, ayant remis son cha- peau, et même enfoncé, puis tiré son épée, il parut la tuer avec brutalité ^ » L'abbé Nadal croit que Baron n'eût pas manqué de la tuer dans sa chute même.

Les deux actriccG qui ont laissé dans le rôle de Camille les souvenirs les plus durables sont 1\I"° Clairon au xviii^ siècle, et M"^ Rachel au xix^.M"^ Clairon, qui s'indignait que Lekain, à une représentation de Venceslus, osât rétablir le texte du vieux Rotrou, montrait plus de respect pour le texte primi-

1. Acte II, se. 3.

2. Delapoi'te : Anecdotes dramatiques.

3. On levicndi'a plus loin sur rette question, qui se lie étroitemeut à l'éluda du cararfèrfe d'Horare.

i. Observations sur la tragéJie ancienne el moderne.

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