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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/475

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ACTE II, SCENE Vï 111

S'il vous en reste encor, n'ôtes-vous point jaloux

Qu'à grand'peine chrétien, j'en montre plus que vous ?

NÉARQUE.

Vous sortez du baptême, et ce qui vous anime,

C'est sa grâce qu'en vous n'affaiblit aucun crime;

Comme encor tout entière, elle agit pleinement, G95

Et tout semble possible à son feu véhément.

Mais celte même grâce, en moi diminuée,

Et par mille péchés sans cesse exténuée,

A2:it aux grands effets avec tant de langueur,

Que tout semble impossible à son peu de vigueur. 700

Cette indigne mollesse et ces lâches défenses

Sont des punitions qu'attirent mes offenses;

Mais Dieu, dont on ne doit jamais se défier,

Me donne votre exemple à me fortifier.

692. « Dans l'origine de la langue, tout adjectif dérivé d'un a'ijectif latin en M, grandis, sequalis, regalis, iv-idis, ne changeait pas au féminin. 11 nous reste encore de cet usage grand'mère, grand' messe, grand'ronte; dans le lan- gage du Palais, lettres royaux. C'est donc une véritable faute de mettre une apostrophe après qrand comme si l'e s'élidait. » (Génin, Lexique de Molière.) Le premier coupable est Vaugelas, qui a cru à une élision, et a imposé cette écriture erronée.

693. Vous sortez du baptême, vous venez d'être baptisé. Au v. 1099 on ren- contrera une locution analogue : tout sortant de la victoire. — i< Corneille attribue cette toute-puissance et ce miracle de la grâce en Polyeucte à l'elVet direct du baptême, au sacrement qui lui a été conféré, plutôt qu'à une influence singu- lière et plus invisible, venue sans cet appareil extérieur dans un cœur déjà baptisé. Mais c'eût été trop demander que de vouloir de lui une telle manière d'entendre et de représenter la grâce, surtout au théâtre, par une infusion toute Becrète, toute gratuite ; l'acte du baptême au contraire, était une cause sufû- sante et manifeste, un signe expressif et intelligible à tous de cette opération intérieure sur laquelle il fondait la conduite et le saint exploit de Poljeucte. » Sainte-Beuve, Port Royal, 1, C.)

695. Comme tout entière, comme elle est encore tout entière.

Mon secours sans cela, comme de nul effet.

Ne vons aurait rendu qu'un service imparfait. [Veuve, 1697.)

698. Exténuée, affaiblie : latinisme peu fréquent, même au xvii' siècle. M. Littré cite cet exemple de Saint-Simon : n Je tichai que la confirmation (des dispo- sitions de Louis XIV pour les bâtards), puisqu'il en fallait passer par là, fût la plus simple et la plus exténuée qu'il serait possible. » Corneille dit aussi s exté- nuer pour s'affaiblir :

Votre ardeur, à force d'éclater,

S'exhale, se dissipe, ou du moins s'exténue. (Agésilas, Vf, 3.)

699. Nous ne croyons point qu'agit ait ici, comme on l'a soutenu, le sens étymologique de pousser. Aux grands effets, tournure analogue à celle du V. 677 {au besoin, dans le besoin), nous semble signifier, au contraire, d'une façon très précise : dans ou pour les grands effets, c'est-à-dire lorsque, dans les grandes circonstances, il est besoin de manifester sa croyance par des effet*.

701. Ces lâches défenses, ces lâches excuses :

Contre ces charges, prince^ avez-Toas des défenses 7 (Rotro», Vence$la»,l\ , 8.'^ 7C4, A, pour. Voyez le ▼. 370.

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