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ACTE 111, SCllNE II US

Apprends-moi cependant ce qu'ils ont fait au temple.

STRATONICE.

C'est une impiété qui n'eut jamais d'exemple.

Je ne puis y penser sans frémir à l'instant,

Et crains de faire un crime en vous la racontant.

Apprenez en deux mots leur brutale insolence, 825

Le prêtre avait à peine obtenu du silence, Et devers l'orient assuré son aspect, Qu'ils ont fait éclater leur manque de respect. A chaque occasion de la cérémonie,

A l'envi l'un et l'autre étalait sa manie, 830

Des mystères sacrés hautement se moquait, Et traitait de mépris les dieux qu'on invoquait. Tout le peuple en murmure, et Félix s'en otfense; Mais tous deux s'emportant à plus d'irrévérence :

821. Sur cependant, voyez la noie du v. 361 et le v. 1135.

827. Devers, vers. « Depuis quelque temps, ce mol a vieilli, et nos mo- dernes écrivains ne s'en servent plus dans le beau lan^ra^e. Ils disent toujours vers. » (Vaugelas, Remarques.) Cependant quelques-unes des pièces où Cor- neille a employé devers pour vers sont i)oslérieures aux Remarques de Vau- gelas Au reste, les .meilleurs écrivains oui suivi Corneille.

Tout un çrand peuple armé fuyait devers le port. {Pompée, V, 1.) Mais quel mauvais démon devers nous le conduit? {Iléraclius, 'J27.) Mais Seigneur, devers vous elle-même s'avance. {:<o honishe, 788.) C'est ainsi devers Gaen que tout Normand raisonne. (Boilead, Éptres, XI.)

M. Littré pense même qu'un mot si bien autorisé pourrait aujourd'hui encore être employé sans scrupule. — Assuré son aspect, fixé son regard, sa vue; à peine lo prêtre s'était tourné vers l'orient. Aspect a donc ici le sens d'orienta- tion, comme dans ce passage de Fénelon : « En sorte que la maison fût tournée à un aspect sain. » {l'ëlcmaque, XII.)

823. Yar. Que l'on s'est aperçu do leur peu de respect. (16'>3-lGa6.)

829. A chaque occasion, à chaque instant, à chaque détail ; une occasion, c'est une circonstance qui donne occasion ou prétexte do faire une chose.

La fuite est glorieuse en celle occasion. (Horace, IV, 2.)

830. Remarquez l'un et l'autre suivi du singulier. Cor.ieille aimait cette tournure que son frère Thomas jugeait, d'après Chapelain, plus élégante et que Vaugelas autorisait :

Pour m'arracher lo jour, l'un et l'autre con.spire ! {Cinna, 1036.) Croyez-moi, l'une et l'autre a redouté nos pleurs. (Rudogune, 1097).

M. Chassaing {Grammaire, p. 308) juge le pluriel préférable. — Manie, dont l'énergie s'est beaucoup afTaibiie, a ici et chez tous les autours du xvii° siècle le sens très fort de [xavta, folie, égarement d'esprit qui touche au délire furieux.

Maudite ambition ! déleslabje manie ! {Cid, U, 3.)

Ainsi, sans m'aveugler d'une vaine manie. (BoiLEia, Discours au, roi.)

832. De mépris, avec mépris. Voyez la note du v. 137.

Voyez de quel mépris vous traite son parjure. (Vcdée, 205.)

Et traitant de mépris les sens et la matière. (Femmes savantes, I, t.)

834. S'emporter à, jusqu'à. Corneille dit aussi s'emporter dan»,

le m'allai! emporter dans les extrémités. {Pompée, 648.)

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