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En bravant les tourments, en dédaignant la vie,
Sans regret, sans murmure, et sans étonnement, 995
Dans l'obstination et l'endurcissement,
Comme un chrétien enfin, le blasphème à la bouche,
FÉLIX.
Et l'autre?
ALBIN.
Je l'ai dit déjà, rien ne le touche : Loin d'en être abattu, son cœur en est plus haut; On l'a violenté pour quitter l'échafaud. 4000
Il est dans la prison où je l'ai vu conduire ; Mais vous êtes bien loin encor de le réduire.
FÉLIX.
Que je suis malheureux!
ALBIN.
Tout le monde vous plaint.
FÉLIX.
On ne sait pas les maux dont mon cœur est atteint;
De pensers sur pensers mon âme est agitée, 1005
De soucis sur soucis elle est inquiétée ;
Je sens l'amour, la haine, et la crainte et l'espoir,
La joie et la douleur tour à tour l'émouvoir ;
J'entre en des sentiments qui ne sont pas croyables :
Ce brutal espère Mienx qu'il ne trouve un Sis, que je découvre un frère.
994. C'est aussi ea bravant les tourments que meurt le Genest de Rotroa s
Mais ni les chevalets, ni les lames flambaules,
Ni les onsles de fer, ni les torches ardentes.
N'ont conire ce rocher été qu'un doux zrphyr
Et n'ont pu de son sein arracher un soupir.
Sa force eu ce tourment a paru plus qu'humaine. (Saint Genttt, Y, 6.)
1005. Penser, autrefois p'Vi^é, n'est autre qu'un infinitif pris substantive- ment; c'est un pur hellénisme, mais qui semble avoir vieilli de bonne heure, car plusieurs des vers de Corneille oii fifrure ce mot ont été retranchés par lui. Contrairement à l'asserLion de M. Aimé Martin, M. Marty-Laveaus prouve que pettser pour pensée n'est nullement de la création de Corneille. Dans sa Conformité du langage français avec le grec, Henri Eslienne avait remarqué le rapport des deux langues relativement à cette faculté de former des noms des infinitifs en y ajoutant l'article. Mais le français a le privilège que n'a pas le grec de pouvoir mettre au pluriel ces substantifs verbaux, comme des iubstantifs ordinaires. « Tous les marchers, toussers, mouchers, élernuers sonl différents. » (Pascal.)
N'écoutons plus ce penser suborneur. (Ciâ, 337.) Mon cœur ne forme point de pensers assez fermes. {Horace, 708.) Comme ils se conBaient leurs pensers et leurs soins. (La Fontaine, TU 1.) Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. (Andbê Chénieh.)
1008. « La joie. Ce mot ne découvre-t-il pas trop la bassesse de Félix? » (Voltaire.)
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