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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/523

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ACTE V, SCÈNE I 159

Tranchant du généreux, il croit m épouvanter.

L'artifice est trop lourd pour ne pas l'éventer.

Je sais des gens de cour quelle est la politique,

J'en connais mieux que lui la plus fine pratique. 1460

C'est en vain qu'il tempête et feint d'être en fureur :

Je vois ce qu'il prétend auprès de l'Empereur.

De ce qu'il me demande il m'y ferait un crime:

Epargnant son rival, je serais sa victime;

Et, s'il avait affaire à quelque maladroit, 1465

Le piège est bien tendu, sans doute il le perdroit ;

Mais un vieux courtisan est un peu moins crédule;

Il voit quand on le joue, et quand on dissimule;

Et moi j'en ai tant vu de toutes les façons.

Qu'à lui-même au besoin j'en ferais des leçons. 1470

ALBIN.

Dieux ! que vous vous gênez par cette défiance !

��1457. Trancher de, prendre des airs, jouer le rôle de.

Qui tranche trop du roi ne règne pas longtemps. (Nicomède, 749.) Corneille dit de même : « Trancher des entendus. » [Menteur, 863.) J458. Trop lourd, au Cguré, venant d'un esprit lourd, maladroit.

Ta te laisses doue premlro à ce lourd artifice ? (Veuve, 1312.) Va, d'un piège si lourd l'appât est inutile. (Beraclius, IV, 6.)

U69. Var. Je connais avant lui la cour et ses intrigues :

J'en connais les détours, j'en connais les pratiques. (1643-1626.)

1461. Ou a déjà vu que prétendre, réclamer comme un droit, est souvent pris activement au ivu* siècle.

Comme le plus vaillant, je prétends U troisième. (Là Fontaine, Fables I, 6.) 1463. T, auprès de l'empereur :

Pouvions-nous mienx sans bruit nous rapprocher de lui ?

Vous voyez la posture où j'y suis aujourd'hui. (Héraclius, 1482.)

14665. Maladroit, qui se prononçait maladret, rime avec voudrait et entre- prendrait au V. 690 de Mélite et au v. 3:2 de la Suivante.

1467. Yar. Mais un vieux courtisan n'est pas si fort crédule. (1643-16B6.)

1469. Ici la trivialité du langage de Félix répond trop à la bassesse de son caractère. On s'étonne de trouver chez Corneille, en de telles situations, les fami- liarités qui plaisent chez La Fontaine.

Monsieur le mort, laissez-vous faire :

On vous en donnera de toutes les façons. {Fables, Vn, 11.)

1471. Gêner, de géhenne, gène, torture, est souvent employé avec le sens très fort de mettre à la gêne, torturer. Le dictionnaire de Nirot rend gêner par torquere. Quand Emilie dit à Cinna : « C'est trop me gêner, parle.» (111,4), •Ue est torturée de l'idée que Cinna va trahir sa cause.

La reine à la gêner prenant mille délices.

Ne commettait qu'à moi l'ordre de ses supplices. (Rodogune, 167.)

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