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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/58

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^2 HORACE

Attaquer un parti qui prend pour défenseur

Le frère d"uiic fciiiir.p el l'amanl d"uiie ?œur,

Et, rotupaiil Icus ces nœuds, s'armer pour la Patrie

Coulre un sang qu'un voudrait racheter de sa vie.

Une tf.lle vertu nappartenait qu"à nous '.

Est-ce qu'après de telles paroles, significalives dans la bouche de ce soldat, l'acteur Baron était si blâmable de mettre une nuance d'émotion contenue et bientôt réprimée dans le vers fameux :

Albe vous a nommé : je ne vous connais plus 2 ?

Est-ce que, même après la résolution prise, devant les pleurs de Sabine et de Camille, Horace ne se laisse pas attendrir, et n'a pas à se reprocher à lui-même cet instant fugitif, où des femmes ont « étonné » sa vertu ^? Il est vrai que cet instant ne reviendra plus. Comme Polyeucte, mais avec moins d'efforts, de plus en plus il se dégage des aU'ections individuelles et de plus en plus il s'exalte dans cette religion du patriotisme quia ses martyrs, et aussi ses fanatiques. Désormais, il ne s'appar- tient plus; il n'est plus que l'instrument passif de Rome; dès que Rome l'ordonnera, il frappera, sans regarder s'il frappe Curiace ou Camille

(( S'il ne prend pas le procédé de France, il faut considérer qu'il est Romain. « Ce mot de Corneille sur Valère, dans son È.vovien, il nous semble qu'on pourrait l'appliquer au jeune Horace. Si en lui vit « l'âme des Brulus', « personnages fort sublimes, mais fort peu aimables, il ne faut pas trop s'étonner de la violence sauvage qu'il apporte à l'accomplissement de son devoir. H est convenu que l'opposition du caractère de Curiace à celui d'Horace est destinée à faire ressortir le mau- vais côté de ce patriotisme inclément et suihumain : « Une certaine grandeur, également éloignée d'un héroïsme impos- sible et d'une vertu ordinaire, tel est le trait commun aux principaux personnages de Corneille... Cette grandeur est qnehiuefois hors de la nature; la force d'âme y paraît toucher à la dureté, par exemple dans les deux Horaces, chez qui le citoyen a tué l'homme. Corneille lui-même en a du scrupule. A ces paroles du jeune Horace d'un sublime un peu sauvage :

Albe vous a nommé, je ne vous connais plus^,

1. Aole II, sf". m.

8. Ibidem. Vovez plus haut l'Histoire de la pièce.

3. Arle II, so.'vM.

i. M. Merlet : Études littéraires sur les classiques françait.

i. Acte H, te. Uk

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