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Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/181

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ACTE V, SCÈNE V 165

Et quand tout mon eflfort se trouvera rompu,

Cléopâtre fera ce que je n'aurai pu.

Je sais quelle est ta tlamme el quelles sont ses forces, 1745

Que tu n'ignores pas comme on fait les divorces,

Que ton amour t'aveugle et que pour l'épouser

Rome n'a point de lois que tu n'oses briser ;

Mais sache aussi qu'alors la jeunesse romaine

Se croira tout permis sur l'époux d'une reine, 17î)0

Et que de cet hymen tes amis indignés

Vengeront sur ton sang leurs avis dédaignés.

J'empêche ta ruine, empêchant tes caresses.

Adieu : j'attends demain l'effet de tes promesses.

��SCENE V.

CÉSAR, CLÉOPÂTRE, ANTOINE, LÉPIDE, ACHORÉE CHARMION.

CLÉOPATRE.

Plutôt qu'à ces périls je vous puisse exposer, 1755

Seigneur, perdez en moi ce qui peut les causer : Sacrifiez ma vie au bonheur de la vôtre; Le mien sera trop grand, et je n'en veux point d'autre,

1743. Rompu, entravé, annihilé. Rompre une chose, dans la langue de Corneille, c'est souvent l'empêcher de s'accomplir. C'est ainsi qu'il dit : rompre une colère (Cid, 981), rompre un succès (Cinna, 1580), rompre des desseins {Polyeucte, 5C et 65), rompre une entreprise (Nicoméde, 280).

1745. Les forces pour la force. Corneille aime ces pluriels des noms abs- traits :

Je tâche avec respect à vous faire connaître

Lei forces d'on amour qne vous avez fait naître. {Rodogune, 1288.)

1746. Remarquez le changement de tournure : je sais quelle est ta flamme... et que ; on pe\it voir aux v. S67, 1193,1451 d'Horace des exemples de que dépen- dant d'un verbe qui a des compléments différents.

1750. Cornélie donne ici raison aux craintes que Cléopâtre a exprimées dans la scène m de l'acte IV.

1753. Empêchant, pour en empêchant ; dans le théâtre de Corneille «n est Nuvent supprimé ainsi devant le participe présent :

H61as I ta m'as perdn, me vonlant obliger. {Veuve, ni, 1.)

Ce torrent grossissait, rencontrant cette digne. {Don Sanche, II, 1.)

Tet caresses, les marques de ton amour, et, par extension, ton amour. Il ne feut pas oublier que l'objet de cet amour «st là, mais garde un sUence assez

Siteux, dont elle ne sortira qu'après le départ de Cornélie. Visiblement, la veuve e Pompée écrase « l'amante » de César. 1756. Sur cette construction de les, voyez les t. 404 et 1544.

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