ACTE V, SCÈNE IV 147
Qu'il faille que de lui je fasse plus de compte, Et que ton père même, en doute de ta foi, Donne plus de croyance à ton valet qu'à toi !
Écoute : je suis bon, et, malgré ma colère, I58b
Je veux encore un coup montrer un cœur de père; Je veux encore un coup pour toi me hasarder. Je connais ta Lucrèce, et la vais demander; Mais, si de ton côté le moindre obstacle arrive....
DORANTE.
Pour vous mieux assurer; souffrez que je vous suive. 1590
GÉRONTE.
Demeure ici, demeure, et ne suis point mes pas ;
Je doute, je hasarde, et je ne te crois pas.
Mais sache que tantôt, si pour cette Lucrèce
Tu fais la moindre fourbe ou la moindre finesse.
Tu peux bien fuir mes yeux, et ne me voir jamais ; lo95
Autrement, souviens-toi du serment que je fais :
Je jure les rayons du jour qui nous éclaire
Que tu ne mourras point que de la main d'un père,
Et que ton sang indigne, à mes pieds répandu,
Rendra prompte justice à mon honneur perdu. 1600
SCÈNE IV DORANTE, CLITON.
DORANTE.
Je crains peu les effets d'une telle menace.
1582. Corneille écrivait, avec ses contemporains: plus de conte. Ce reproche si poignant de Géronte est déjà dans l'espagnol :
No te corres desto ? Di : No te afergfienza que hayas Menester que tn ciiado Acredite lo que liablas?
1583. Il aime trop à le dire, et peut-être l'est-il trop en effet, 1590. Sur assurer, voyez la note du vers 1381.
1392. Je hasarde, absolument : je vais au hasard, je suis dans l'incertitude : Hasardons ; js ne vois que ce conseil à prendre. [Théodore, I, m )
1507. Je jure, activement, j'atteste, je prends à témoin :
Moi, je jure dos dieux la puissance suprême. {Pompée, 1403.)
C'est le même serment que fait le vieil Horace, dans son indignation paler- melle :
J'attesti; des grands dieux les suprêmes puissances ,
Qu'avant ce jour fini, ces mains, ces propres mains
Laveront dans son sang la honte des Romains. {Horace, UI, VI.)
fiW. Que, autrement que, tournure très fré9ueDte au xvn* siècle.
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