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156 LE MENTEUR

Tu me vas voir, Cliton, jouer un nouveau jeu ; Sans changer de discours, changeons de hratterie,

LUCRÈCE, bas à Clarice. Voyons le dernier point de son effronterie: 1730

Quand tu lui diras tout, il sera bien surpris.

CLARICE, à Dorante. Comme elle est mon amie, elle m'a tout appris. Cette nuit vous l'aimiez, et m'avez méprisée: Laquelle de nous deux avez-vous abusée? Vous lui parliez d'amour en termes assez doux. 1735

DORANTE.

Moi ! depuis mon retour je n'ai parlé qu'à vous.

CLARICE.

Vous n'avez point parlé cette nuit à Lucrèce?

DORANTE.

Vous n'avez point voulu me faire un tour d'adresse? Et je ne vous ai point reconnue à la voix?

CLARICE.

Nous dirait-il bien vrai pour la première fois? 1740

D0R.\NTE.

Pour me venger de vous j'eus assez de malice

Pour vous laisser jouir d'un si lourd artifice ;

Et, vous laissant passer pour ce que vous vouliez,

Je vous en donnai plus que vous ne m'en donniez.

Je vous embarrassai, n'en faites point la fine ; 1743

Choisissez un peu mieux vos dupes à la mine :

Vous pensiez me jouer ; et moi je vous jouais,

Mais par de faux mépris que je désavouais;

1729. Changeons de batterie; on a déjà remarqué que les termes empruntés à l'art militaire étaient alors à la mode ; cette expression proverbiale a passé Jus- qu'à nous. M. Littré en cite des exemples empruntés à Molière, Bossuet, la Fon- taine et la Bruyère.

1730. Le dernier point, le comble, le dernier degré :

Notre malheur est grand ; il est au plus haut point. (Horace, II, nt.) 1742. Ces deux pour, commençant deux vers successifs, forment une phrase lourde et embarrassée. Dorante montre ici vraiment trop de souplesse, et le pis, c'est qu'il en sera récompensé, puisqu'il bénéficiera de sa méprise. Alarcon, qui ne se plait pas dans ces intrigues un peu abstraites et veut avant tout parler aux yeux, a imaginé une scène où don Juan de Sosa (Alcippe) et don Garcia (Dorante) s'avancent en même temps vers Jacinta. De là une explication, qui est orageuse : car Garcia ne prend pas les choses d'aussi bonne grâce que Dorante, 8t, pour faire cesser sa résistance, il faut que son père don Beltran le menace ^de le faire périr.

1744. Sur endonner, voyez la note du vers 1168.

1745. ITen faites point la fine, ne jouez pas à la finesse, ne me oachez point ce que je sais à merveille. Régnier a dit (Dialogue) :

N'en fais donc point la fine, et vainement ne cache Ce qu'il faut, malgré toi. que tout le monde sache.

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