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'Jn ETUDE

et qu'il faut toujours citer, en les plaçaut ilaus leur cadre pitto- resque, dans cette salle du conseil qu'illumine un rayon du soleil d'Espagne.

SCÈNE III

D. ISABELLE, D. LÉONOR, D. ELVIRE, î). LOPE, D. MANRIQUE, D. ALVAR, CARLOS

D. ISABELLE.

Avant que de choisir je demande un serment,

Comtes, qu'on agréera mon chois aveuglément;

Que les deux méprisés, et tous les trois peut-être,

De ma main, quel qu'il soit, accepteront un maître :

Car enfin je suis libre à disposer de moi ;■

Le choix de mes Etats ne m'est point une loi;

D'une troupe importune il m'a débarrassée.

Et d'eux tous sur vous trois détourné ma pensée,

Mais sans nécessité de l'arrêter sur vous.

J'aime à savoir par là qu"on vous préfère à tous; "

Vous m'en êtes plus chers et plus considérables;

J'y vois de vos vertus les preuves honorables ;

J'y vois la haute estime où sont vos grands exploits.

Mais quoique mon dessein soit d'y borner mon choix.

Le Ciel en un moment quelquefois nous éclaire.

Je veux, eu le faisant, pouvoir ne pas le faire,

Et que vous avouiez que, pour devenir roi,

Quiconque me plaira n'a besoin que de moi.

��C'est une autorité qui vous demeure entière ;

Votre Etat avec vous n'agit que par prière,

Et ne vous a pour nous fait voir ses sentiments

Que par obéissance à vos commandements.

Ce n'est point ni son chois ni l'éclat de ma race

Qui me font, grande Reine, espérer cette grâce :

Je l'attends de vous seule et de votre bonté.

Comme on attend un bien qu'on n'a pas mérité,

Et dont, sans regarder service ni famille.

Vous pouvez faire part au moindre de Castille.

C'est à nous d'obéir, et non d'en murmurer :

Mais vous nous permettrez toutefois d'espérer

Que vous ne ferez choir cette faveur insigne.

Ce bonheur d'être à vous, que sur le moins indigne ;

Et que votre vertu nous fera trop savoir

Qu'il n'est pas bon d'user de tout votre pouvoir.

Voilà mou sentiment.

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