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184 NICOMEDE

Te le dirai-je, Araspe? il m'a trop bie:i ;er\-i; Augmentant mon pouvoir i...

��le plus naturellement qu'il lui aurait été possible. Et le poéfei : (( Comment ! vous appelez cela réciter? C'est se railler: il faut dire les choses avec emphase. Ecoutez-moi (il contrefait Mont- tleury, comédien de l'Hôtel de Bourgogne) :

« Te le dirai-je, Araspe ? etc.

u Voyez-vous cette posture? Remarc(uez bien cela. Là, ap- puyez comme il faut le dernier vers. Voilà ce qui attire l'ap- probation et fait faire le brouhalia. — Mais, Monsieur, aurait répondu le comédien, il me semble qu'un roi qui s'entretient tout seul avec son capitaine des gardes parle un peu plus hu- mainement et ne prend guère ce ton démoniaque. — Vous ne savez ce que c'est. Allez-vous-en réciter comme vous faites, vous verrez si vous ferez faire aucun Ah! - »

U est bien probable, selon M. Marty-Laveaux 3, que Flori- dor jouait Mcomède ; car Baron, qui en 1673 lui succéda dans tout son emploi à l'Hôtel de Bourgogne, remplit ce per- sonnage avec le plus grand éclat. « Il faut, dit Lekain '% un grand art à l'acteur cliargé de ce rôle pour ne pa>i y laisser upercevoir le ton de la comédie. Le grand Baron était le seul qui savait le sauver par des nuances imperceptibles, et c'est ce qui constitue le génie. » Assurément, c'était là une tâche difficile, car il y a une part de comédie dans le rôle même de Nicomède; mais nous croyons que l'art de l'acteur doit moins consister à la dissimuler qu'à la concilier et à la fondre avec l'élément tragique. Concevant ainsi ce rôle si délicat, Lekain était nécessairement conduit à en atténuer, même à en supprimer certaines familiarités compromettantes. On sait, en effet, qu'il essaya de modifier quelques-uns des vers de Corneille et que le public, plus respectueux du texte consacré, lui témoigna sa désapprobation par ses mur- mures

Quoi qu'il en soit, voici quelle était la distribution de J^ pièce au début de l'année 1685 :

��1. Nicomède, II, 1.

2. Impromptu de Versailles, I.

3. Notice de Nicomède, t. V du Corneille, éd. Régnier.

4. Mémoires, p. 125.

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