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Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/31

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SUR HERACLIUS 19

formiilce autrefois par Voltaire : « 11 m'est iu)possi)jle d'aimer Ihh-acliics, je vous l'avoue. Je crois vous avoir cité M™" du Chàtelct, qui ne pouvait souffrir cette pièce, dans laquelle il n'y a pas un sentiment qui soit vrai, et pas douze vers qui soient bons, et pas un événement qui ne soit forcé. J'ai ce genre-là en horreur; les Français n'ont point de goût... Et puis, s'il vous plaît, qu'est-ce qu'une tragédie que ne fait pas pleurer'? » L'émotion ne peut- elle donc se traduire au théâtre que par des pleurs ? et tout drame n'est-il vraiment tragique (ju'à condition de nous atlendi'ir ? si l'on se place à ce point de vue trop exclusif, llrracliu.t sei'a con- damné : car c'est une œuvre plus forte que touciiante, plus sombre qu'aimable ; mais à coup sûr ce n'est pas une œuvre banale, et elle vaut la peine qu'on s'y arrête.

��II

��LA TRAGKDIK ,

Acte I. — Dans une scène d'exposition, Phocas fait part a sou gendre Crispe de ses inquiétudes mêlées de remords :

��Crispe, il n'est que trop vrai, la plus belle couroime N'a que de faux brillants dont l'éclat l'environne; Et celui dont le Ciel pour un sceptre l'ail ciiuix Jusqu'à ce qu'il le porte en ignore le poids. Mille et mille douceurs y semblent attachées. Qui ne sont qu'un amas d'amertiunes cachées : Oui croit les posséder les sent s'évanouir, Et la peur de les perdre empêche d'eu jouir : Surtout qui, comme moi, d'une obscure naissance Monte par la révolte à la toute-puissance. Qui de simple soldat à l'empire élevé Ne l'a que par le crime acquis et conservé ; Autant que sa fureur s'est immolé de têtes. Autant dessus la sienne il croit voir de tempêtes; Et comme il n'a semé qu'épouvante et qu'horreur, 11 n'en recueille enfin que trouble et que terreur.

��1. Lettre h d'Argental, 23 décembre 1761.

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