Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/32

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J’eu ai ?em(; beaucoup ; et depuis quatre lustivs
Mou trône ii"cst fondé que sur des morts illustres;
Et j’ai mis au tombeau, pour ri’guer sans etlroi,
Tout ce que j’en ai vu de plus digue que moi.
Mais le sang répandu de l’empereur Maurice,
Ses cinq fils à ses yeux envoyés au supplice,
En vain en ont été les premiers fondements,
Si pour m’ôter ce trône ils servent d’instruments.
On eu fait revivre un au bout de vingt années :
Byzance ouvre, dis-tu, l’oreille à ces menées ;
Et le peuple, amoureux de tout ce qui me nuit,
D’une croyance avide embrasse ce faux bruit.
Impatient déjà, de se laisser séduire
Au premier imposteur armé pour me détruire,
Qui, s’osant revêtir de ce fantôme aimé.
Voudra servir d’idole à son zèle charmé.
Mais sais-tu sous quel nom ce fâcheux bruit s’excite?

CRISPE.

11 nomme Hérachus celui qu’il ressuscite.

Quiconque en est l’auteur devait mieux l’inventer.
Le nom d’Héraclius doit peu m’épouvanter,
Sa mort est trop certaine, et fut trop remarquable
Pour craindre un grand effet d’une si vaine fable.
11 n’avait que six mois ; et, lui perçant le tlauc.
On eu fit dégoutter plus de lait que de sang ;
Et ce prodige affreux, dont je tremblai dans l’àme,
Fut aussitôt suivi de la mort de ma feumie.
Il me souvieut encor qu’il fut deux jours caché,
Et que sans Léontine ou l’eût lougtemps cherché :
Il fut livré par elle, à qui, pour recompense.
Je donnai de mon fils à gouverner l’enfance,
Du jeune Martian, qui, cl’àge presque égal.
Etait resté sans mère à ce moment fatal.
Juge par là combien ce conte est ridicule.

Crispe ne se montre point si rassuré, mais rappelle à Phocas qu’il a en main le moyen de se garantir contre toute surprise. N’a-t-il pas laissé vivre une fille de Maurice, et ne doit-il pas l’unir bieutôt à son propre fils, légitimant ainsi son usurpation aux yeux du peuple ? Qu’importent les résistances et les bravades de Pulchérie?

Il faut agir de force avec de tels esprits.
Seigneur, et qui les flatte endurcit leurs mépris :
La violence est juste où la douceur est vaine-