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Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/33

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SUR HERACLIUS 21

11 est regrettable que le poète uous ait à peine laissé entrevoir ce personnage, qui trop visiblement n'est là. que pour écouter l'exposition. Crispe ne reparaîtra plus que rarement, et ne jouera aucun rôle précis. Celte figure du politique sans scrupules, mais plus rusé encore que violent, n'eût point fait tort k la figure plus terrible de Phocas, toujours menaçant. Témoin discret jusqu'au nmtisme, ce Photiu byzantin assiste à la dramatique entrevue de Pulchérie et de Phocas :

��Enfin, Madame, il est temps de vous rendre.

Le besoin de l'État défend de plus attendre;

II lui faut des Césars, et je me suis promis

D'en voir naître bientôt de vous et de mon fils.

Ce n'est pas exiger grande reconnaissance

Des soins que mes boutés ont pris de votre enfance,

De vouloir qu'aujourd'hui, pour prix de mes bienfaits,

Vous daigniez accepter les dons que je vous fais.

Ils ne font point de honte au rang le plus sublime ;

Ma couronne et mon fils valent bien quelque estime :

Je vous les otTre encore après tant de n/fus ;

Mais apprenez aussi que je n'en souffre plus.

Que de force ou de gré je me veux satistairi';

Qu'il me faut craindre eu maiti-e, ou me eliérir en père.

Et que, si votre orgueil s'obstine à me haïr,

Qui ne peut être aimé se peut faire obéir.

��J'ai rendu jusqu'ici cette reconnaissance

A ces soins tant vantés d'élever mon enfance,

Que, tant qu'on m'a laissée en quelque liberté,

J'ai voulu me défendre avec civilité;

Mais, puisqu'on use enfin d'un pouvoir tyraunique.

Je vois bien qu'à mon tour il faut que je m'explique.

Que je me montre entière à l'injuste fureur.

Et parle à mon tyran en fille d'empereur.

Il fallait me cacher avec quelque artifice^ Que j'étais Pulchérie et fille de Maurice, Si tu faisais dessein de m'éblouir les yeux Jusqu'à prendre tes dons pour des dolis précieux, Vois quels sont ces présents dont le refus t'étonue : Tu me donnes, dis-tu, ton fils et ta couronne; Mais que me donnes-tu, puisque l'une est à moi. Et l'autre en est indigne, étant sorti de toi?

Ta libéralité me fait peine à comprendre : Tu parles de donner, quand tu ne fais que rendre; Et puisque avecque moi tu veux le couronner, Tu ne me rends mon bien que pour te le donner.

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