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ACTE V, SCÈNE IX 329

Et qui ne produira qu'un effet salutaire.

Faites-lui grâce aussi, Madame, et permettez Que jusques au tombeau j'adore vos bontés. Je sais par quel motif vous m'êtes si contraire : Votre amour maternel veut voir régner mon frère, 1800

Et je contribuerai moi-même à ce dessein, Si vous pouvez souffrir qu'il soit roi de ma main. Oui, l'Asie à mon bras offre encor des conquêtes. Et pour l'en couronner mes mains sont toutes prêtes : Commandez seulement, choisissez en quels lieux, 1805

Et j'en apporterai la couronne à vos yeux.

ARShNOÉ.

Seigneur, faut-il si loin pousser votre victoire,

Et qu'ayant en vos mains et mes jours et ma gloire,

La haute ambition d'un si puissant vainqueur

Veuille encor triompher jusque dedans mon cœur? 1810

Contre tant de vertu je ne puis le défendre;

Il est impatient lui-même de se rendre.

Joignez cette conquête à trois sceptres conquis,

Et je croirai gagner en vous un second fils.

��Je me rends donc aussi, Madame, et je veux croire 1815

Qu'avoir un fils si grand est ma plus grande gloire.

��1798. II semble difficile qu'il n'y ait pas une part d'ironie dans cette « adora- tion ». Toutefois, nous avons vu, au v. 1387, ce mêmt^ mot employé dans le sens du latin adorare, avec la seule idée de respect. Il est possible que Nicomédc fasse payer cher sa clémence à la reine, commis Auguste à Cinna ; il est possible aussi et peut-être plus dans la logique du rôle que ce héros, qui a toujours rais une sorte de coquetterie à rester maître de lui-même, ait le bon goût maintenant, par une sorte de galanterie chevaleresque, de ne pas abuser de sa victoire et d'exagérer même la déférence, précisément à l'heure ou la déférence ne coûte rien à sa fierté.

1807. Pousser votre victoire, et que; sur cette construction, vovez la note du V. 18.

1810. A propos du v. 283 et de plusieurs autres, nous avons remarqué que, dans la première partie du xvii' siècle, on employait dedans comme préposition au moins autant que comme adverbe.

1811. Var. Contre tant de vertu je ne le pais défendre. (1651-5G.)

1814. Il est clair qu'Arsinoé, toujours souple, cède à la force des choses ; mais il est moins clair qu'elle ait sincèrement désarmé, et Nicomède fera bien de ne pas trop se fier à cette conversion forcée.

1816. Sa femme ayant parlé, Prusias n'a plus qu'à faire écho à ses paroles. Mais ce qui est inattendu de sa part, c'est une affirmation comme celle-ci. " Avoir un fils si çrand » a toujours été, non sa plus grande gloire, mais son plus grand souci.

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