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SUR HERACr.IUS 25

11 faut se garder de mutiler de pareilles scènes, toutes corné- liemies, trop coriiélionues mêuie en ccrlaias de leurs traits. Ou peut juger que Pulchérie le prend sur un ton bien haut ; on peut regretter qu'elle ne se montre pas assez femme. Ce regret, nous l'avons manifesté déj;\ pour Emilie, pour Rodogune, pour Andro- mède; il s'imposera surtout à nous dans les pièces de la seconde manière. Dircé par exemple, dans OEdipe, sera dans la même situa- tion et parlera le mêm - langage alticr que Pulchérie ; tontes deux, filles des rois légitimes, haïssent les usurpateurs et les bravent. IMais quelle peinture que celle de Phocas, du tyran chez qui l'astuce égale la cruauté, qui flatte avant de menacer, et voile d'une hypocri- sie doucereuse les crimes qu'il atténue et désavoue! Il commande enfin. Pulchérie mourra, ou épousera Héraclius. Envain celui-ci, instruit du mystère de sa naissance, accumule les prétextes :

HÉRACLIUS.

J'ai du cœur, et tiendrais l'empire même infâme, S'il fallait le tenir de la main d'jjne femme... Seigneur, j'ai des amis, chez qui cette moitié...

PHOCAS.

A l'épreuve d'un sceptre il n'est point d'amitié.

Comment sauvera-t-il celle qu'il sait être sa sœur, celle qu'aime le fils de Léoutine, Martian, à qui il a dû la vie dans un combat? Restés seuls, tous trois ne peuvent que gémir et rivaliser de géné- rosité entre eux ; mais la plus virile, c'est encore Pulchérie, dont l'intrépidité ne recule devant aucun péril :

11 ne faut craindre rien quand ou a tout à craindre.

Acte II. — C'est Léontine qui a révélé à Héraclius son vrai nom ; par elle il sait qu'il est le fils de Maurice et qu'il a son père à venger. A son tour, Héraclius s'est confié à la fille de Léontine, Eudoxe, qu'il aime et dont il est aimé. Ne serait-ce point Eudoxe dont l'iudis- crétiou féminine aurait éveillé les soupçons de Phocas ? Sa mère l'eu accuse, elle s'en défend, et, en se défendant, elle trouve moyen de nous renseigner aussi nettement qu'il est possible sur le double échange que sa mère a fait des deux princes :

Ou ne dit poiut comment vous trompâtes Phocas, Livrant un de vos fils pour ce prince au trépas,

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