Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/39

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SUR IIÊRACLIL'S 27

C'ost un Ciiraclèi'p fièrement tracé que ci-lui de LiSuitiiH'. Vinyt ans se sont écoulés depuis qu'elle a voué son propre tils à la mort pour sauver le fils de son souverain. Depuis, elle a eu la force de se taire et d'attendre ; mais elle a assez longtemps attendu pour se réserver le choix de l'heure propice à la vengeance. Enfin cette heure e~t arrivée ; elle va frapper le tyran; mais par quelle main? Par celle d'IIéraclius, qui n'attend qu'un signal? non; par celle de Martiau, qui se croit le fils de Léontine, qui est réellement le fils de Phocas, et à qui elle persuadera qu'il est le fils de Maurice. C'est pour le parricide qu'elle l'a soigneusement réservé ; ce projet d'une grandeur sinistre, elle l'expose avec sang-froid à la douce et tendre Eudoxe, que ses révélations épouvantent :

Si j'ai pris soin de lui, si je l'ai laissé vivre,

Si je perdis Léonce, et ne le fis pas suivre,

Ce fut sur l'espoir seul qu'un jour, pour s'agrandir,

A ma pleine vengeance il pourrait s'enhardir.

Je ne l'ai euuservé que pour ce pairicide.

ELDOXE.

Ah! Madame!

LÉONTINE.

Ce mot déjà vous intimide! C'est à de telles mains qu'il nous faut recourir; C'est par là qu'un tyran est digne de périr; Et le courroux du Ciel, pour eu purger la terre. Nous doit im parricide au refus du tonnerre.

Le hasard vieiit à propos la seconder. Un patricien de Coustan- tiuople, Exupère, a tout appris, de son côté, d'un sujet fidèle qui tenait cette révélation de l'empereur près de mourir. 11 sait que Léontine a substitué sou enfant à celui de Mauiùce; mais il ignore la seconde substitution du fils de Maurice au fils de Phocas ; il doit donc croire que le véritable héritier du trône, le véritable Héraclius, c'est Martian. Avec une sincérité entière, il le déclare à Martian, et le trompe en se trompant lui-même. C'est lui qui, pour éprouver les sentiments du peuple, a répandu le bruit dont Phocas s'est alarmé. 11 s'offre à servir et à venger celui qu'il croit sou roi. Grâce à cette méprise, il semble que désormais le fils du meurtrier, se regardant comme le fils de la victime, deviendra un docile ins- trument entre les mains de Léontine. Mais Martian est troublé, irrésolu. Il sent et dit que l'honneur lui commande d'agir; mais il ne songe point sans tristesse à Pulchérie qu'il aime et au'il va

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