Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/41

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La race de Léouce étaut patriciciiue,
L’éclat de vos vertus l’égalait à la mienne ;
Et je me laissais dire eu mes douces erreurs :
C’est de pareils héros qu’on fait les empereurs ;
Tu peux bien saus rougir aimer uu grand courage
A qui le monde entier peut rendre un juste hommage. "...

MARTIAN.

Ah! ma sœur! puisque enfin mon destin éclairci
Veut c|ue je m’accoutume à vous nommer ainsi.
Qu’aisément l’amitié jusqu’à Tamour nous mène!
C’est uu pen.’haut ?i doux qu’on y tombe sans peine;
Mais quand il faui rhauger l’amolir en amitié,
Que l’àme qui s’y lor" b est digne de pitié!
Et qu’on doit plaindre un creur qui, n’osant s’en défendre.
Se laisse déchirer avant que de se rendre!..
11 n’est pas merveilleux si ce que je me crus
Mêle uu peu de Léouce au cœur d’Héraclius.
A mes confus regrets soyez doue moins sévère;
C’est Léonce qui parle, et non pas votre frère...
Puisqu’un amant si cher ne peut plus être à vous.
Ni vous mettre l’empire eu la main d’un époux.
Épousez Martiaui comme un autre moi-même;
Ne pouvant être à moi, soyez à ce que j’aime.

C’est trop raffiner. Ici encore, c’est Pulchérie qui est l’àme viriie

Soyez mon empereur pour me le commander.

Quoi! elle épouserait le fils du tyran! A cette seule idée, sa haine rajeunie s’exalte et s’épanche :

Il deviendra mon père, et je serai sa fille;

Je lui devrai respect, amour, fidélité;

Ma haine u’aura plus d’impétuosité...

Votre haine voit peu l’erreur de sa tendresse;

Comme elle vient de naître, elle n’est que faiblesse :

La mienne a plus de force, et les yeux mieux ouverts;

Et, se dût avec moi perdre tout l’univers,

Jamais un seul moment, quoi que l’on puisse faire,

Le tyran n’aura droit de me traiter en père.

Je ne refuse au fils ni mon cœur ni ma foi :

Vous l’aimez, je l’estime, il est digue de moi :

Tout son crime est un père à qui le sang l’attache;

1. Martian, c’est-à-dire le véritable Héraclius, qui est cru Martian, comme Martian est cru Héraclius.

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