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412 ETUDE

POMPÉE.

Si je vous aimel Demandez si je vis, ou si je suis moi-même. Votre amour est ma vie, et ma vie est à vous.

��Sortez de mon esprit, ressentiments jaloua; :

Noirs enfants du dépit, ennemis de ma gloire,

Tristes ressentiments, je ne veux plus vous croire.

Quoi qu'on m'ait fait d'outrage, il ne m'en souvient plus.

Plus de nouvel hymen, plus de Sertorius;

Je suis au grand Pompée; et puisqu'il m'aime encore.

Puisqu'il me rend sou cœur, de nouveau je l'adore.

Plus de Sertorius ! Mais, Seigneur, répondez ;

Faites parler ce cœur qu'enfin vous me rendez.

Plus de Sertorius! Hélas! quoi que je die,

Vous ne me dites point, Seigneur : « Plus d'Emilie! »

Rentj'ez dans mon espi'it, jaloux ressentiments,

Fiers enfants de l'honneur, nobles emportements :

C'est vous que je veux croire; et Pompée infidèle

Ne saurait plus soutlrir que ma haine chancelle;

11 l'atlerniit pour moi. Venez, Sertoi'ius!

11 me rend toute à vous par ce muet refus.

Donnons ce grand témoin à ce grand hyménée;

Son àme, toute ailleurs, n'en sera point gênée :

II le verra sans peine, et cette dureté

Passera chez Sylla pour magnanimité.

��Ce qu'il vous fait d'injure également m'outrage,

Mais enhn je vous aime, et ne puis davantage.

Vous, si jamais ma flamme eut pour vous quelque appas,

Plaignez-vous, haïssez, mais ne vous donnez pas;

Demeurez en état d'être toujours ma femme,

Gardez jusqu'au tombeau l'empire de mon àme.

Sylla n'a que sou temps, il est vieil et cassé;

Son règne passera, s'il n'est déjà, passé;

Ce grand pouvoir lui pèse, il s'apprête à le rendre;

Comme à Sertorius, je veux bien vous l'apprendre.

Ne vous jetez donc point, Madame, en d'autres bras;

Plaignez-vous, haïssez, mais ne xous donnez pas.

Ces sortes de refrains, familiers à Corneille et à ses contempo raius, ne semblent pas de mise ici, où une douleur vraie doit parler un langage simple. 11 faut bien l'avouer, d'ailleurs, cette scène diminue Pompée. Aux pressantes instances de sa femme il répond par des faux-fuyants. Emilie, cette nouvelle épouse que Sylla lui a imposée, n'est sa femme que de nom; elle-même

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