SUR SERTORIUS 413
regrotte le mari dont on l'a séparée. Mais elle n'en porte pas moins le nom de Pompée, et ce grand nom, Aristie le revendique haute- ment, et Pompée, embarrassé, ne sait que balbutier des excuses assez piteuses : qu'elle attende sans impatience! Tant que Sylla pourra tout, son lieutenant ne pourra rien. Aristie le serre de plus près encore : que ne ramène-t-il sa femme à Rome à la tête de ses légions unies à celles de Sertorius? Mais il élude cette nouvelle mise en demeure, et trouve encore des raisons spécieuses : loin de Sylla et de Rome, il est le premier ea Espagne ; il ne serait que le second sous Sertorius. Outrée de ces tergiversations, Aristie parle haut et clair.
ARISTIE.
Si vous m'avez aimée, et qu'il vous eu souvienne, Vous mettrez votre gloire à me rendre la mienne. Mais il est temps qu\m mot termine ces débats. Me voulez-vous. Seigneur? ne me voulez-vous pas? Parlez : que votre choix règle ma destinée. Suis-je encore à l'époux à qui l'on m"a donnée? Suis-je à Sertorius? C'est assez consulté : Rendez-moi mes liens, ou pleine liberté...
��Je le vois bien. Madame, il faut rompre la trêve. Pour briser en vainqueur cet hymen, s'il s'achève ; Et vous savez si peu l'art de vous secourir Que, pour vous en instruire, il faut vous conquérir.
ARISTIE.
Sertorius sait vaincre et garder ses conquêtes.
��La vôtre à la garder coûtera bien des têtes; Comme elle fermera la porte à tout accord. Rien ne la peut jamais assurer que ma mort. Oui, j'en Jure les Dieux, s'il faut qu'il vous obtienue. Rien ne peut empêcher sa perte que la mienne; Et peut-être tous deux, l'un par l'autre percés. Nous vous ferons connaître à quoi vous nous forcez.
AHISTIE.
Je ne suis pas. Seigneur, d'une telle importance.
D'autres soins éteindront cette ardeur de vengeance;
Ceux de vous agrandir vous porteront ailleurs,
Où vous pourrez trouver quelques destins meilleurs ;
Ceux de servir Sylla, d'aimer son Emilie,
D'imprimer du respect à toute l'Italie,
De rendre à votre Rome un jour sa liberté,
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