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suit HÉRACLIUS 33

PIIOCVS.

Eh bieu! il va [i/rir; ta luiiiie en est complice.

PUIXHKRIF..

Et je verrai du Ciel hieatût choir toa siipplice.

Dieu, pour le. réserver à ses puissantes niaius,

Fait avorter exprès tous les moyens humains;

11 veut frapper le (■ou[) sans notre ministère.

Si l'on t'a bien donné Léonce pour mon frère,

Les quatre autres peut-être, à tes yeux abusés.

Ont été comme lui des Césars supposés.

L'Etat, qui dans leur mort voyait trop sa ruine,

Avait des généreux autres que Léontine;

Ils trompaient d'un barbare aisément la fureur,

Qui n'avait jamais vu la cour ni l'empereur.

Crains, tyran, crains encor tous les quatre pent-être ;

L'un après l'autre enfin se vont faire paraître ;

Et, malgré tous tes soins, malgré tout ton efTort,

Tu ne les connaîtras cfu'en recevant la mort.

Moi-même, à leur défaut, je serai la conquête

De quiconque à mes pieds apportera ta tète;

L'esclave le plus vil ipTon puisse imaginer

Sera digne de moi, s'il peut t'assassiner.

Va perdre Héraclius. et rpdtte la pensée

Que je me pare ici d'mie vertu forcée;

Et, sans m'importuner de répondre à tes vœux,

Si tu prétends régner, défais-toi de tous deux.

Phocas crit de ces vaines menaes; il triomphe i^t ci'oit tenir son ennemi. .Mais le fera-t-il mourir secrètement on devant tout le peuple? 11 demande conseil à ce même Exupère qui lui a révélé le secret de Léontine, mais qui a ses desseins cachés, lui aussi, et il accueille le conseil perfide qu'Exupère lui donne :

Si vous voulez calmer toute cette tempête, 11 faut en pleine place abattre cette tète. Et qu'il die, eu mourant, à ce peuple confus : « Peuple, n'en doute point, je suis Héraclius. »

Exupère prend tout sur lui, et Phocas le remercie avec eiî'usion de son zèle apparent. Ce rôle du traître innocent a son originalité : dans un court entretien avec son complice Amintas, il laisse' voir combien lui pèse le mépris de ceux qu'il semble trahir, mais il accepte stoïquement le déshonneur, sentant proche le moment où il pourra se réhabiliter par un acte vengeur.

Acte IV. — Le véritable Héraclius comprend mal pourquoi Léon-

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