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SUR OTHON 463

athetcr ses soldats, « legi a se mîlitem, non emi^. » La moindre laigesse l'eût sauvé; son avarice suffit à le perdre.

C? n'était pas un héros que Galba. Plutarque semble bien opti- mistï dans le portrait qu'il nous trace de cet empereur digne du vieux temps. 11 en faut plutôt croire Tacite, malgré son pessi- misme habituel : pour lui, le successeur de Néron n'est qu'un ca- ractère assez médiocre, « médium ingenium, magis extra vitia quam ciun virtutibus^, » à qui une certaine indolence tenait lieu de sagesse. Il est probable que c'est le contraste avec Néron qui le grandit. Toutefois, ses inclinations étaient plutôt vertueuses, puis- qu'il choisit entre tous, pour l'associer à l'empire, le jeune et mo- deste Pison, figure austère à la fois et charmante déjeune Romain d'autrefois, à peine entrevue au milieu de tant d'ambitions déchaî- nées et de crimes succédant aux crimes. Mais Galba ne choisissait pas toujours aussi bien ses favoris ; sa facilité crédule avait fait de lui un docile instrument entre les mains d'un affranchi, d'un con- sul et d'un préfet du prétoire : « Potentia principatus divisa in T. Vinium consulem, et Cornelium Lacon€m,prœtoriiprxfectwn: nec minor gratia Icelo, Galbœ iiberto, quem annulis donation eqiiestri nojnine Martiammi vocitabant^. » — « Regebatur trium arbitrio, quos iinn et intima palatium habitantes nec tinquam non adhsprentes psedagogos vu/go vocabant '*. » De toute manière, Galba ne pouvait prétendre au rôle de protagoniste dans une tragédie dont sa fai- blesse précipite le dénouement.

Est-ce Othon qui pouvait lui enlever cet honneur? Étrange héros, en vérité, que l'ancien mari — plus ou moins fictif — de Poppœa, le séducteur politique qui décide au divorce cette courti- sane impériale pour la mieux donner à Néron ! Tous les historiens flétrissent sa jeunesse frivole et corrompue; mais tous aussi sont d'accord pour déclarer qu'il valait mieux que sa réputation. Plu- tarque, par exemple, dit de lui qn'après avoir vécu aussi indigne- ment que Néron, il mourut avec plus de courage. Endetté, ruiné, c'est pour rétablir sa fortune qu'il fit une révolution. Qui eût pu deviner un conspirateur en cet épicurien aussi recherché dans sa toilette qu'une femme ? Il était homme pourtant, et homme d'ac-

��1. Tacite, Histoires, I, 5.^nLegeresemiliiem,nonemereconsv.esse. n (Suétone.)

2. Ibid., I, 49.

3. Ibid., l, 13.

4. Suétone, Vie de Galba, XIV.

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