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Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/480

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468 ETUDE

et Corueille aurait recherché cette occasion de plaire : « Ce dévot y coule quelques vers pour excuser l'amour du roi * . » L'indi- gnatiou de l'austère Tallemant est bien inattendue, et l'allusion qu'il flétrit bien problématique. Ce qui paraît plus certain, c'est que Racine, dans Bajazet, s'est souvenu de cette scène. N'est-ce pas Atatide elle-même qui enverra Bajazet vers sa rivale, qui lui permettra, qui lui ordonnera de la désarmer en la trompant par une feinte tendresse? Avant elle, Plautine avait donné à Othon le même conseil, avec la même abnégation.

��Au péril qui nous presse immolez le dehors.

Et pour vous faire aimer montrez d'autres transports.

Je ne vous défends point une douleur muette.

Pourvu que votre front n'en soit point l'interprète.

Et que de votre cœur vos yeux indépendants

Triomphent comme moi des troubles du dedans.

Suivez, passez l'exemple, et portez à Camille

Un visage content, un visage tranquille,

Qui lui laisse accepter ce que vous offrirez.

Et ne démente rien de ce que vous direz.

OTHON.

Hélas! Madame, hélas! que pourrai-je lui dire?

PL.\UTINE.

11 y va de ma vie, il y va de l'Empire ; Réglez-vous là-dessùs. Le temps se perd. Seigneur. Adieu ! donnez la main, mais gardez-moi le cœur, Ou si c'est trop pour moi, donnez et l'un et l'autre. Emportez mon amour et retirez le votre ; Mais dans ce triste état si je vous fais pitié. Conservez-moi toujours l'estime et l'amitié ; Et n'oubliez jamais, quand vous sei'ez le maître. Que c'est moi qui vous force et qui vous aide à. l'être.

Atalide dit de même à Bajazet :

Allez, Seigneur, sauvez votre vie et la mienne 3.

Voltaire ne peut s'empêcher de signaler une ressemblance aussi frappante, mais il en profite pour glorifier son poète favori aux dépens de Corneille : « Plautine conseille ici à Othon précisément

1. Historiettes, t. VII. 1 Bajazet, H, 6.

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