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498 ETUDE

force de génie, mais par quelle finesse d'esprit il conquérait le succès, dût ce succès être de douteux aloi. Il ne sera point malaisé de le montrer pour AtlUa même. A qui fera-t-on croire que ce Normand ait pu commettre une aussi grossière méprise? « On comprendrait mieux, dit M. Marty-Laveauxi, ique Corneille eût effectivement pris le change sur le passage suivant de la neuvième satire, où la critique est plus indirecte et mieux déguisée :

Tous les jours à la cour un sot de qualité

Peut juger de travers avec impunité.

A .Alalherbe, à Racan préférer Théophile.

Et le clinquant du Tar^se à tout l'or de Virgile.

Un clerc, pour quinze sous, sans craindre le holà.

Peut aller au parterre attaquer Attila,

Et si le roi des Huns ne lui charme l'oreille,

Traiter de Visigoths tous les vers de Corneille.

Ce dernier vers nous indique, si je ne me tmmpe, un poiut qui choquait tout particulièrement Boileau dans Attila : je veux dire le choix des noms propres, choix si important à ses yeux et au sujet duquel il disait quelque temps après dans V Art poétique :

D'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre Rend un poème entier ou burlesque ou barbare 2;

et Voltaire était bien du même avis lorsqu'il écrivait : " Corneille, dans sa tragédie d'Attila, fait paraître Hildioue, une princesse sœur d'un prétendu roi de France; elle s'appelait Hildecone à la première représentation; on changea ensuite ce nom ridicule^. » Qu'eùt-ce été si Corneille, au lien d'adopter à peu près, en le franci- sant, le nom d'Ildico, qui lui était donné par Priscus et Jornandès, eût connu les traditions du Nord et choisi les formes plus pures de lIiltilund,Hiltegunt, <> Hildegonde », qu'elles nous ont conservées?

A propos de Pertharite, nous avons fait déjà la même remarque. Les incursions de Corneille sur le terrain du moyen âge inquié- taient ceux aux yeux de qui l'antiquité classique restait l'idéal unique de perfection. Après Corneille, et du vivant de Corneille même ou revint à cette antiquité toujours jeune.

On vit renaître Hector, Audromaque, llion.

1. T. VII du Corneille-Régnier.

2. Art poétique, III, v. 243-244.

3. Préface du Commentaire H Attila.

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