Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/570

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oo8 ETUDE

��Où suis-je? et dans ce lieu que je croyais barbare,

Quelle savante maiu a bâti ce palais, Que l'art, que la uature pare De Tassemblage le plus rare Que Fœil puisse admirer jamais ? Tout rit, tout brille, tout éclate, Dans ces jardins, dans ces appartements, Dont les pompeux ameublements N'ont rien qui n'enchante et ne flatte;

Et, de quelque cùté que touineut mes frayeurs.

Je ne vois sous mes pas que de l'or et des fleurs...

��Le voilà, ce serpent, ce monstre impitoyable Qu'un oracle étonnant pour vous a préparé, Et qui n'est pas peut-être à tel point effroyable Que vous vous l'êtes figuré.

PSYCHÉ.

Vous, Seigneur, vous seriez ce monstre dont l'oracle

A menacé mes tristes jours, Vous qui semblez plutôt un dieu qui par miracle

Daigne venir lui-même à mon secours!

��Quel besoin de secours au milieu d'un empire

Où tout ce qui respire N'attend que vos regards pour en prendre la loi. Où vous n'avez à craindre autre monstre que moi?

PSYCHÉ.

Qu'un monstre tel que vous inspire peu de crainte!

Et que, s'il a quelque poison,

Une àme aurait peu de raison

De hasarder la moindre plainte

Contre une favorable atteinte Dont tout le cœur craindrait la guérison ! A peine je vous vois, que mes frayeurs cessées Laissent évanouir l'image du trépas. Et que je sens couler dans mes veines glacées Un je ne sais quel feu que je ne connais pas. J'ai senti de l'estime et de la complaisance.

De l'amitié, de la reconnaissance; De la compassion les chagrins innocents

M'en ont fait sentir la puissance; Mais je n'ai point encor senti ce que je sens. Je ne sais ce que c'est, mais je sais qu'il me charme.

Que je n'en conçois point d'alarme : Plus j'ai les yeux sur vous, plus je m'en sens charmer.

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