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576 ÉTUDE

quelque raideur dans sa magnaaimité, quelque froideur dans son amour vertueux, je ue sais quoi d'abstrait dans l'ensemble. Tan- tôt elle parle uu laugage digne de la princesse au cœur viril qui tint si longtemps » en tutelle » son frère Théodose II, et après lui, comme sous lui, resta « l'âme de ce grand corps' » affaibli, de cet empire croulant de toutes parts, qui vient de perdre son empereur, au moment où l'action s'engage :

L'Empire est à donner, et le Sénat s'assemble Pour choisir une tête à ce grand corps qui tremble. Et dont les Huns, les Goths, les Vandales, les Francs, Bouleversent la masse et déchirent les flancs.

Tantôt cette vierge, dont l'Église a fait une sainte, est transfor- mée, au mépris de l'histoire, en amante du jeune Léon, et cette passion tardive fait sourire : car Pulchérie ne peut guère, à cette époque, avoir moins de cinquante ans. On sourit aussi de la ten- dresse, ambitieuse peut-être, de Léon, et de la situation si fausse que lui crée l'amour de Pulchérie. Elle l'aime, elle le lui dit, mais lui déclai'e en même temps qu'elle l'épousera seulement si le Sénat le choisit pour empereur. En vain il se débat contre les exigences d'un amour si politique ; l'époux de Pulchérie doit porter la cou- ronne :

L'orgueil de la naissance a bien des tyrannies... Il fallait m'apporter la main d'un Empereur... Le trône met uue âme au-dessus des tendresses. Je sacrifierai tout au bonheur de l'Etat.

Eu vain il croit faire un coup de maître en décidant le Sénat, hésitant entre lui et son rival Aspar, à désigner Pulchérie elle- même. Dès qu'elle est remontée au trône, Pulchérie semble n'être plus la même et le désespère par ses froideurs. Elle n'essaye point de dissimuler à quel point le vote du Sénat a changé ses sentiments :

Je suis Impératrice, et j'étais Pulchérie.

A-t-elIe donc cessé d'aimer Léon? Non, elle l'aime, au contraire,

1. Attila, I, 2. — M. Marty-Laveaux conjecture avec quelque vraisemblance que ce portrait de Pulchérie tracé dans Attila suggéra au poète l'idée de nj-'tiK» la à scène ce personnage, si peu dramatique pourtant.

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