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Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/171

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CHAPITRE VIII.

tenu, on y fit choix des moyens les plus prompts et les plus sûrs pour donner des secours aux naufragés abandonnés dans les embarcations et sur le radeau.

Le brick l’Argus fut désigné pour cette mission. Le commandant de ce navire, brûlant du désir de voler au secours des infortunés naufragés, aurait voulu mettre sous voile à l’instant même ; mais des causes sur lesquelles nous garderons le silence, enchaînèrent son zèle. Quoi qu’il en soit, cet officier distingué exécuta les ordres qu’il reçut avec une rare activité.

Revenons à l’histoire des quatre autres embarcations, et suivons d’abord la marche de la principale, qui était la chaloupe. Dès qu’elle eut pris connaissance de la terre, elle revira de bord et prit le large, parce qu’elle était sur des hauts-fonds, et qu’il eût été imprudent de rester par 1 mètre ou 1 mètre 30 centim. d’eau, pendant la nuit : elle avait touché deux ou trois fois. Le 6, vers les quatre heures du matin, se trouvant trop éloignée de la côte, et la mer étant très-houleuse, elle revira de bord, et peu d’heures après on vit la terre pour la seconde fois. À huit heures on en fut extrêmement près, et les hommes désirant ardemment gagner le rivage, on mit à terre soixante-trois des plus décidés. On leur donna des armes et le plus de biscuit qu’on put ; ils commencèrent à faire route vers le Sénégal, en suivant les bords de la mer. Ce débarquement se fit dans le nord du cap Mirick, è quatre-vingts ou quatre-vingt-dix lieues de l’île Saint-