Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/201

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CHAPITRE IX.
Aventures des soixante-trois naufragés.
Désert de Saara. — Ordre de marche. — Mottes d’Angel. — Privations. — Songes. — Souffrances. — Abattement. — Mort. — Délire. — Captivité. — Portrait d’un chef Maure. — Il conduit les naufragés au Sénégal. — Le prince Hamet les enlève et les envoie à son camp. — Méchanceté des enfans et des femmes. — Hamet conduit ses captifs à Saint-Louis. — Espoir déçu. — M. Karnet. — L’Argus envoie du biscuit. — Arrivée à Saint-Louis.


Les soixante-trois qui débarquèrent à huit lieues nord environ des Mottes d’Angel, eurent de plus longues fatigues à supporter ; ils avaient quatre-vingts ou quatre-vingt-dix lieues à faire dans le désert de Saara. Il est borné au nord par les royaumes de Maroc, Tunis et Tripoli ; à l’est par les royaumes de Bournou ; au sud par la Nigritie ; à l’ouest par l’Océan atlantique. La surface a plus de 80,000 lieues carrées.

Cette immense région est couverte d’une épaisse couche de sable mobile et blanc qu’embrase les rayons du soleil et que bouleversent des ouragans capricieux. Quelques tristes cosis, répandus de loin en loin, sont les délices de cette contrée stérile, où l’on éprouve jusqu’à 60° de chaleur.

Les Maures, joignant l’audace à la force et à la perfidie, s’érigent en maîtres du désert ; ils combattent