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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

champ tous les naufragés qui arrivaient dans l’île de Saint-Louis.

Tout nous porte à croire que le retard qui fut apporté à la restitution de nos établissemens, dépendit du gouverneur anglais, qui y mit des obstacles toutes les fois que les circonstances le lui permirent. Il allégua d’abord qu’il n’avait pas reçu l’ordre de rendre la colonie, et qu’en outre il manquait de navires pour transporter ses troupes et tous les objets qui appartenaient à sa nation. Cette dernière allégation suffit seule pour prouver combien peu il était disposé à se retirer de l’île Saint-Louis ; car le gouverneur français, afin d’applanir toutes ses difficultés, lui proposa la flûte la Loire pour servir de transport, et il fut refusé. Nous croyons avoir deviné la cause de ce retard dans la remise de la colonie, et nous pouvons en présenter deux raisons qui nous paraissent d’autant mieux fondées, quelles prennent leur source dans cette politique britannique qu’on voit en toute circonstance ne suivre d’autre règle que celle de l’intérêt de sa puissance ou de son commerce. Nous ne les livrons d’ailleurs que comme des présomptions ; mais ces présomptions semblent si bien confirmées par les événemens auxquels elles ont rapport, que nous n’hésitons pas à les soumettre à nos lecteurs.

Nous pensons donc que M. Beurthonne avait reçu l’ordre de rendre les îles Saint-Louis et de Gorée à l’escadre française, qui devait se présenter pour en prendre possession ; mais nous pensons aussi qu’il lui était