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CHAPITRE X.

recommandé de ne les évacuer que le plus tard qu’il pourrait, dans le cas où le commerce et le gouvernement anglais pourraient tirer quelques avantages d’un retard.

En effet, si M. Beurthonne n’avait pas reçu d’instructions pour rendre la colonie, il lui était bien certainement inutile d’alléguer qu’il manquait de moyens de transport. Aux instances du gouvernement français, il n’avait qu’à faire une réponse toute simple et sans replique, celle que son gouvernement ne lui avait donné aucun ordre. C’est donc par l’espèce de vacillation qu’il mit dans ses réponses, qu’il nous a lui-même mis sur la voie de l’opinion que nous nous sommes formée ; c’est d’après ses paroles et ses actions que nous avons dû croire ce que nous avons osé avancer. Mais enfin, dira-t-on, quel avantage ce délai pouvait-il procurer au gouvernement anglais ? Voici, comme nous le disions plus haut, ce qu’il nous est bien permis de conjecturer à cet égard.

La traite des gommes était à la veille de se faire ; il était bien juste que les commerçans anglais qui étaient dans le Sénégal enlevassent cette récolte, qui eût appartenu au commerce français si la colonie eût été rendue.

Un second motif, non moins puissant, c’est que nous étions au moment de la mauvaise saison, et que les établissemens anglais sur la rivière de Gambie ( lieu où devait se rendre une partie de la garnison anglaise), sont extraordinairement malsains : des ma-