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PROCÈS

Me Moret, chargé d’office de la défense du sieur Bousquet-Deschamps, à l’ouverture de l’audience, a tiré tout le parti possible de cette cause difficile.

Il a cherché à établir qu’on ne pouvait voir dans les passages incriminés que des théories de droit public, et non des provocations directes.

La plupart des publicistes, a-t-il dit, soutiennent des doctrines opposées, et en tirent dès-lors des conséquences contraires. Ainsi, il en est qui pensent que certains droits fondamentaux, appartiennent à l’homme même dans l’état de société, et qu’aucune loi spéciale ne peut y porter atteinte. Telle est la théorie de l’au-

    Le conseil prononce que mes livres tendent à détruire tous les gouvernemens, l’auteur des lettres dit seulement que les gouvernemens y sont livrés à la plus audacieuse critique ; cela est fort différent, une critique, quelque audacieuse qu’elle puisse être, n’est point une conspiration ; critiquer ou blâmer quelques lois, n’est pas renverser toutes les lois. Autant vaudrait accuser quelqu’un d’assassiner les malades lorsqu’il montre les fautes des médecins.

    « Encore une fois que répondre à des raisons qu’on ne peut pas dire ? Comment se justifier contre un jugement porté sans motif ? que sans preuve de part ni d’autre, ces messieurs disent que je veux renverser tous les gouvernemens ; que je dise, moi, que je ne veux pas renverser tous les gouvernemens ; il y a dans ces assertions parité exacte, excepté que le préjugé est pour moi, car il est à présumer que je sais mieux que personne ce que je veux faire.

    « Mais où la parité manque, c’est dans l’effet de l’assertion. Sur la leur, mon livre est brûlé, ma personne est décrétée, et ce que j’affirme ne rétablit rien ; seulement, si je