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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

teur ; sans doute elle n’est pas en harmonie avec notre système de gouvernement ; ou plutôt avec les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons placés ; mais une théorie, même erronée ne saurait constituer un délit.

L’avocat soutient ensuite, en citant d’autres passages de la brochure, que loin de provoquer la désobéissance aux lois qu’il attaque, l’auteur invite les citoyens à s’y soumettre, plutôt qu’à les renverser par la violence.

En terminant, M.e Moret invoque, en faveur du prévenu, son jeune âge et les circonstances dans lesquelles sa brochure a été composée.

Le sieur Bousquet Deschamps croit devoir ajouter


    prouve que l’accusation est fausse et le jugement inique, l’affront qu’ils m’ont fait retourne à eux-mêmes ; le décret, le bourreau, tout y devrait retourner ; puisque nul ne détruit si radicalement le gouvernement que celui qui en tire un usage directement contraire à la fin pour laquelle il est institué.

    « Il ne suffit pas que j’affirme, il faut que je prouve, et c’est ici qu’on voit combien est déplorable le sort d’un particulier soumis à d’injustes magistrats, quand ils n’ont rien à craindre du Souverain, et qu’ils se mettent au-dessus des lois. D’une affirmation sans preuve, ils font une démonstration ; voilà l’innocent puni. Bien plus, de sa défense même, ils lui font un nouveau crime, et il ne tiendrait pas à eux de le punir encore d’avoir prouvé qu’il était innocent. »

    Comme je suis bien loin d’accuser les magistrats d’iniquité, le public saisira bien dans cette citation ce qui se rapporte à mon affaire. Si je n’ai pas supprimé le reste, c’est par respect pour le modèle de nos prosateurs, dont je n’oserais ni mutiler, ni corriger le style.