Page:Correspondance apocryphe de saint Paul et des Corinthiens.djvu/11

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le texte à l’amélioration duquel il s’est appliqué avec tant de soin.

M. Th. Zahn, professeur de théologie à l’Université de Leipzig, a également étudié 3 Corinthiens dans un fascicule de son Histoire du Canon du Nouveau Testament[1] qui porte la date de 1891. Lui aussi attache une très grande importance au commentaire d’Éphrem, dont il publie intégralement une traduction due à un Arménien, M. Kanaiantz, en distinguant par la diversité des caractères d’imprimerie le texte de l’original d’avec la paraphrase du commentateur. M. Zahn ne sait malheureusement pas l’arménien ; s’il avait pu comparer lui-même le commentaire avec le texte des lettres, et surtout consulter la version latine qui fait le principal objet de la présente publication, il n’aurait assurément pas dit que le texte commenté était déjà lui-même souvent devenu une paraphrase, tout en reconnaissant que, par son origine et ses témoins, il devait être plus ancien que le texte des manuscrits bibliques. Il attribue à la correspondance de Paul et des Corinthiens une date plus haute encore que celle proposée par M. Vetter. Reprenant l’hypothèse avancée d’abord par La Croze en 1727, M. Zahn voit dans nos deux lettres un fragment extrait des Actes de saint Paul mentionnés par Origène et dont la composition remonterait au second siècle.

Un point assez important du débat, sur lequel nos auteurs ne se prononcent pas bien nettement, est celui-ci : De quelle langue, du grec ou du syriaque, nos lettres ont-elles passé en arménien ? M. Vetter croit à une origine syriaque ; M. Zahn suppose un texte grec primitif, mais admet que pendant assez longtemps l’apocryphe a fait partie du canon de l’Église d’Édesse puisqu’il a été commenté par S. Éphrem ; selon toute vraisemblance il aurait donc été traduit du syriaque.

Le texte latin que nos lecteurs trouveront plus loin nous paraît condamner la thèse de M. Vetter. Il a été traduit du grec, cela est certain. Or il recouvre en maint endroit si exactement l’arménien que l’on doit admettre que les deux versions provien-

  1. Geschichte des Neutestamentlichen Kanons. 2. Band, 2. Hälfte, 1. Abth. p. 592-611.