Page:Correspondance de M. le marquis Du Chilleau avec M. le comte de La Luzerne.djvu/5

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Majesté. Mais qu’elle fasse acheter des farines pour les revendre ; cette démarche toute pure qu’elle peut être, le public la couvrirait d’un soupçon qu’on doit éviter. Il peut se commettre une infinité d’abus par les préposés, on peut convertir de bonnes farines et du bon biscuit en de très-mauvais qu’on payera toujours au prix fixé pour les bonnes qualités, et sur lesquelles on n’oserait peut-être point réclamer. Ces sortes de ventes faites pour le Roi, ont souvent produit de pareils effets dans différentes Colonies.

Tous ces motifs ayant prévalu, M. de Marbois m’a proposé de donner des permissions à divers Négocians, pour remplir cet objet. Mais ennemi de tout priviége qui tend à l’exclusion, je n’ai pu encore me décider à prendre ce parti.

Ces priviléges exclusifs sont des remèdes pires que les maux qu’ont veut guérir. Ceux qui les obtiennent, ceux qui les font obtenir, sont les seules personnes à l’avantage de qui ils tournent. Il semble d’abord que ces priviléges vont adoucir le mal, mais on ne tarde pas à s’appercevoir qu’ils l’aggravent par les abus qu’ils entraînent.

Ces observations ayant encore été senties, M. de Marbois m’a enfin proposé d’attendre huit jours