Page:Correspondance de M. le marquis Du Chilleau avec M. le comte de La Luzerne.djvu/6

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avant d’exécuter mon projet, dans l’idée de recevoir des nouvelles plus satisfaisantes. Je me suis rendu à ses désirs en lui remettant cependant sous les yeux que les malheurs de la Métropole n’étaient que trop certains, que ceux dont nous étions menacés se réaliseraient sans doute, si nous ne prenions pas un parti décisif pour les prévenir, que la farine se vendait le premier Mars, 70 livres et qu’on la vendait aujourd’hui 140 livres, que le biscuit se vendait aussi le premier Mars 60 livres et aujourd’hui 80 livres, que les Habitans des Quartiers qui ont soufferts de l’ouragan du mois d’Aout, manquent de vivres pour leurs Nègres, et que s’ils ne peuvent pas avoir de biscuit pour les nourrir ils courront risque de les perdre.

M. de Marbois agité d’un côté, par mes observations, et d’un autre par son opinion sur l’envoi des Frégates, ou les permissions à accorder, s’est rendu, mais difficilement, à seconder mes vues, et nous permettrons le 3 d’Avril, époque de l’expiration du délai de huit jours, tant aux Français qu’aux Américains, d’introduire dans la Colonie de la farine et du biscuit jusqu’au premier Juillet exclusivement, sans aucune condition ni réserve ; et en attendant, comme les magasins de la Colonie et de la Marine contiennent maintenant des vivres pour cinq mois, qu’on