nouveauté de cette tentative est pour moi dans la sincérité, qu’y a mise Rimbaud, de l’abandon de lui-même. Je ne puis mieux me faire entendre qu’en comparant son témoignage à ceux d’Hugo qu’il avait jugé dans sa lettre : « Hugo trop cabochard… trop de Jéhovahs et de colonnes, vieilles énormités crevées ». C’est que Hugo sans doute aussi s’est senti saisi par la grande inspiration vers le milieu de sa vie. Malheureusement, à cette époque, il était déjà un grand homme, un homme connu, c’est-à-dire emprisonné par l’image qu’avaient de lui ses admirateurs. Il avait pris une attitude dont il ne pouvait plus se séparer, il avait des opinions religieuses, politiques et philanthropiques arrêtées, il avait beaucoup écrit, il s’était même découvert dans tous les genres littéraires une forme à lui, étonnamment réussie… et dont il s’était fait un poncif. Il n’a pas voulu sacrifier tout cela pour suivre l’Esprit dans le désert. Il a préféré tenter une laborieuse conciliation entre les brillants éléments de sa personnalité et la révélation nouvelle. De là ses derniers poèmes métaphysiques de la « Fin de Satan », de « Dieu », etc.. où, pris d’une incroyable logorrhée, dans le ronronnement sans fin des alexandrins et des rimes, derrière des accumulations titanesques d’énormités, il cherche à retrouver
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