Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/108

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correspondance la roncière

l′eau voir qui se permettait de venir ainsi envahir leur glaciale demeure.

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Je comptais arriver hier 12 à Onundar Fjord, mon petit enfant, mais j’ai été arrêté court par une brume à couper au couteau, comme disent les marins. Je me savais près de terre, mais, Ne l’ayant pas vue, il ne m’était pas permis d’avancer. Il a fallu attendre. Je ne pouvais pas me diriger en sondant, car il n’y a pas de cartes détaillées de toutes ces côtes-là. J’ai dû m’arrêter pendant seize heures. Les matelots ont alors pêché, et ont pris une quantité de poisson, presque tous morues. Ce poisson se prend avec une ligne garnie d’un hameçon et d’un plomb pour la faire aller au fond. On met sur l’hameçon un morceau de viande quelconque, et dès que la première morue est prise, on la dépèce, et les morceaux servent d’appât pour en prendre d’autres.

Le temps s’étant un peu éclairci, il a fallu interrompre cette partie de plaisir, et je suis actuellement en route pour Onundar Fjord, où j’espère arriver ce soir. J’y resterai quelques heures et je compte m’y régaler de lait, pendant que les amateurs iront les uns chasser, les autres chercher des coquilles, d’autres botaniser.

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Ainsi que je te le mande plus haut, ma chère petite enfant, j’ai mouillé à Onundar Fjord avant-hier 13, à 6 heures du soir ; j’y suis resté trois heures ; les indigènes sont de vrais sauvages ; puis je suis allé dans un autre golfe à 6 lieues de là appelé Dyce Fjord. J’y ai mouillé à minuit. Le lendemain, dès 5 heures, tout le monde était sur pied, partant chacun pour sa spécialité. La mienne, c’est le lait ; je ne me soutiens et me repose qu’avec cela. J’en trouve d’excellent. Je fais de la politique pratique