Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/116

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correspondance la roncière

Deux jours de séjour à Godthaab m’ont paru très suffisants. J’en suis parti le 26 et je suis allé à Fiskeness, établissement situé à trente lieues plus au sud ; là nous avons été encore plus abîmés de cousins : et à l’odeur de phoque s’est ajoutée une odeur de morue. Nous avons trouvé d’assez intéressants objets de collection scientifique, et dans la nuit nous nous sommes empressés de fuir cette puanteur. Le lundi soir 28, nous étions à Fréderikshaab, à vingt-cinq lieues au sud de Fiskeness. J’étais assez inquiet du Cocyte et de la Tasmania. Je les avais fait naviguer de conserve parce que les deux capitaines me paraissaient peu rassurés. Ils devaient se rendre à Frédérikshaab et m’y attendre et, aussitôt arrivés, m’expédier des Esquimaux dans tous les ports pour m’informer de leur arrivée. C′est à Fiskeness que j’ai appris avec un très grand soulagement d’esprit qu’ils avaient fait leur voyage sans encombre et qu’ils étaient à Frédérikshaab, où je les ai en effet trouvés. Je voulais primitivement faire là mon charbon. Mais ayant l′intention d’aller à Arsut, port situé à quarante lieues dans le sud de Frédérikshaab, je me suis décidé à y aller de suite en y emmenant mon charbonnier la Tasmania. Je ne suis donc resté qu’une demi-journée à Frédérikshaab, où les moustiques ne valent pas mieux qu’à Fiskeness. Nous avons encore trouvé là trois femmes de Danois que nous avons fait venir dîner à bord. Toutes ces pauvres Danoises transplantées ici sont vraiment fort à plaindre. Et cependant, il y en avait une à Frédérikshaab qui arrivait du Danemark pour se marier à un médecin danois résidant à Julianshaab,[1] près du cap Farewell. Il n’arrive

  1. Julianshaab, au milieu du golfe, entre le cap Désolation et le cap Farewell