Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
LA CROISIÈRE DE LA « REINE HORTENSE »

les officiers, distribution extraordinaire aux équipages. Le Prince a donné 800 francs à l’équipage de la Reine Hortense. Enfin la fête a été superbe et a donné bonne idée de la France aux Islandais et au Hollandais.

Nous sommes partis de Reykjavik hier 16 à deux heures du matin, et nous sommes en route pour les Féroé, où je ne resterai que quelques heures. J’espère être mercredi 20 aux Shetland, d’où j’expédierai mes dépêches.

Aux Shetland, deux de nos compagnons doivent nous quitter, Saulcy, le membre de l’institut[1] qui se dit obligé d’être à Naples le 15 septembre, mais que je crois très frappé de peur à la suite des coups de vent que nous avons eus en revenant du Groënland ; et Hubaine, le secrétaire particulier du Prince, qui ne peut dompter le mal de mer et qui dépérit à vue d’œil. Cela nous fera un peu de place, car nous sommes encombrés, ayant pris à bord de la Reine Hortense deux des passagers du Cocyte avant d’aller au Groënland.

J’ai appris à Reykjavik la bien malheureuse nouvelle de la mort de M. Fortoul ; j’en suis profondément affligé. Non seulement j’avais une grande affection pour cette famille, mais encore elle était un bien grand appui pour moi. Je n’ai pas de chance sous ce rapport ; j’ai perdu successivement, en très peu de temps, mes plus puissants amis, le maréchal de Saint-Arnaud, l’amiral Bruat, l’amiral de Mackau, M. Ducos, M. Fortoul.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je reprends cette lettre avant d’arriver aux Shetland. J’ai atteint hier soir 18 aux Feroë, le port de Thorshaven. J’y ai trouve le Cocyte, ce qui m’a soulagé d’une

  1. Louis Gaignart de Saulcy, antiquaire français, Sénateur (1859), 1807-1880.