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Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/124

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correspondance la roncière

assez grande inquiétude ; j’avais peur que, dans ces effroyables coups de vent que nous avons essuyés, il ne lui fût arrivé quelque malheur. Pour arriver aux Féroë, j’ai eu à lutter, à mon entrée dans les îles, contre des courants qui allaient aussi vite que la Reine Hortense, en sorte que je n’avançais pas du tout.

Les îles Féroë commencent à être un peu civilisées, on y voit quelques champs cultivés et quelques arbres. Nous n’en avions pas vu depuis le 26 juin.

De Thorshaven, je vais directement à Lerwick, qui est le chef-lieu des Shetland, d’où je ferai partir la Tasmania pour Aberdeen, où elle déposera mes dépêches et mes lettres.

Voilà la première partie du voyage terminé. Nous l’appelons les Glaces ; la seconde partie, qui comprend le voyage au cap Nord, s’appellera les Lapons et la troisième, qui se composera de nos visites à Stockholm, Copenhague etc., sera définie : les Cours. Nous rapportons des collections scientifiques très intéressantes et des documents très curieux. En lait d’animaux, je rapporte un renard bleu vivant, à défaut d’ours dont nous n’avons pas vu la queue d’un. On ne les voit que l’hiver ; l’été ils s’en vont à de grandes distances dans l’intérieur, les bords de la mer étant trop chauds pour eux au Groenland. Je ferais un pitoyable ours.

Adieu, ma bonne petite fille, embrasse bien tendrement ta chère maman pour moi.