Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/125

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LA CROISIÈRE DE LA « REINE HORTENSE »


À la baronne de La Roncière Le Noury.
Bergen, 23 août 1856.
Chère Enfant,

Me voici à Bergen, où je croyais avoir des lettres ; pas du tout. On aura voulu, à Paris, faire passer les lettres par les ambassades, et, comme cela, elles n’arrivent jamais. Écris-moi donc directement à Copenhague jusqu’à nouvel avis.

Le Prince, assommé par les lamentations de ceux qui ont le mal de mer ou qui ont peur, penche, je le vois bien, pour ne pas aller au cap Nord. Il n’ose pas me le dire ; mais je résisterai tant que je pourrai, parce que je veux faire la campagne complète. Il en était de même du Groenland, qu’il est très content d’avoir fait maintenant. Ce serait ridicule de ne pas y aller, après l’avoir annoncé si formellement. Je n’abandonnerai donc mon projet qu’à la dernière extrémité.

Nous n’avons reçu ici aucun journal, en sorte que nous sommes encore réellement sans nouvelles, si ce n’est ce que nous avons appris par des journaux très incomplets aux Shetlands. Je vois que je n’aurai plus de vos nouvelles directes qu’à Copenhague, dans quinze ou vingt jours. Quelles brutes que ces ambassadeurs ! Jamais je n’ai vu marcher quoi que ce soit avec eux. Adieu !