Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/126

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correspondance la roncière


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À sa fille.
Christiania, le 2 septembre 1856.
Ma Chère Petite Fille,

On a joué à Bergen, en l’honneur du Prince, une pièce faite, paroles et musique, par des habitants de la localité. On nous attendait, comme de juste, pour commencer.

Accueillis par l’air de la reine Hortense : Partant pour la Syrie, nous prîmes place et la toile se leva ; mais comme la pièce était en langage norvégien, nous n’y comprîmes absolument rien, quoiqu’on ait eu la délicate attention de distribuer aux principaux d’entre nous un exemplaire de la pièce dans le même langage. Aussi, pendant le second acte, le Prince s’est-il laissé aller à un doux sommeil. Dans les entr′actes, on nous menait dans le foyer, qui était exclusivement réservé pour nous, et où un souper était servi. C’était au moins la dixième fois que nous mangions dans la journée, et il paraît que c’est toujours comme cela dans ces pays-ci. Nous reviendrons en France très engraissés.

Après de grands efforts d’imagination, je n’ai pu comprendre à la pièce que ceci : le père empoisonne la fille, la femme empoisonne l’oncle, le gendre empoisonne la nourrice, le fils empoisonne la mère, la cuisinière empoisonne tout le monde, et, cependant, personne ne meurt ! Ma foi l’explication de cette énigme ne fait pas partie du programme de la Commission scientifique. Avant de