partir, nous avons fait venir tous les acteurs et actrices dans le foyer pour les complimenter et surtout pour leur remettre 800 francs. Nous sommes retournés à bord, accompagnés des acclamations de la foule, qui nous suivit en courant jusqu’au canot, à une distance de plus d’un quart de lieue.
Il y a en ce moment-ci en ville deux princes prussiens, neveux du roi de Prusse, fils du prince Adalbert. Je n’ai même pas été leur faire une visite. Je leur ai envoyé un officier. Il faut traiter les Prussiens comme ils le méritent. Ils sont, en général, détestés partout. Et je crois que les acclamations dont un prince français est ici l’objet ne sont que plus éclatantes à cause de la présence des Prussiens.
Le 26 août, au matin, le Cocyte et nous avons appareillé. IL pleuvait, mais il ne faisait pas de vent. Nous sommes sortis ainsi des fiords ; à 9 heures du matin nous étions en pleine mer, à 10 heures nous avons été assaillis par un effroyable coup de vent contre lequel il était impossible de lutter : un vent à décorner les bœufs. Je me suis déterminé à retourner à Bergen, que nous avons eu grand’peine à rattraper, et alors le Prince m’a pris à part et m’a dit qu’il fallait qu’il fût de retour en France avant le 5 octobre, que nous pourrions être forcés d’attendre peut-être plusieurs jours avant que le temps fût meilleur, qu’alors le temps nous manquerait pour faire ce que nous voulions encore faire, etc., et mille autres raisons analogues, et qu’alors il ne voulait pas aller au cap Nord J’ai fait tout mon possible pour le faire changer d ′avis ; il n’a pas voulu, d’autant plus qu’il était surtout poussé par presque tous mes passagers, que le coup de vent du matin avait fort effrayés, Il a fallu que je cédasse et, à mon immense regret, j’ai dû abandonner mon projet de voyage au cap Nord. Lorsque la nouvelle de cette détermination
