Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/133

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LA CROISIÈRE DE LA « REINE HORTENSE »

et cependant, à 1 heure du matin, — j’étais couché depuis un quart d’heure, — quelqu’un a tout doucement ouvert la porte qui était en face de mon lit, et l’a refermée subitement. Je me suis précipité en bas de mon lit et ai couru à la porte, que j’ai ouverte et qui donnait dans un grand salon qui précédait ma chambre. Les lustres et les bougies de la cheminée y étaient encore allumés comme je l’avais traversée trois heures avant, et je n’ai vu absolument personne dans le salon, que j’ai examiné dans toutes ses parties. Il faut que la personne qui a ouvert ma porte se soit sauvée bien vite, car je n’ai pas été longtemps à aller de mon lit au salon. J’ai éteint les bougies du salon et je me suis recouché, j’ai lu encore quelque temps, attendant une nouvelle apparition, jusqu’à ce que le sommeil me gagnât. J’ai alors dormi parfaitement, mais pas longtemps, ayant dû me lever à 6 heures pour déjeuner à 7 heures et aller tous à une fonderie de canons à 2 lieues de là, chez le baron Wahrendorff. Nous sommes de retour à Gripsholm à 11 heures. Nous nous rembarquons sur le vapeur et retournons à Drottingholm, où nous sommes à 3 heures à bord du bateau. À 3 h 1/2 nous montons à cheval et allons avec le Roi voir manœuvrer un escadron de cavalerie, à 4 h. 3/4 nous sommes de retour, à 5 heures on dîne et à 9 h. 1/2 nous retournons à bord, éreintés. Ce qu’il y a d’insupportable dans ce genre de vie, c’est qu’il faut changer de costume quatre ou cinq fois par jour, et tout cela, chaque fois, en cinq minutes. On envoie un chambellan vous dire quelle tenue il faut avoir et il faut absolument être dans cette tenue-là, de sorte qu’il faut emporter avec soi tous ses habits. Dans le voyage de Gripsholm, j’ai emporté cinq costumes différents. J’en ai mis quatre. Il y a ici à la cour une étiquette très sévère, avec laquelle il ne faut pas plaisanter, quoique, entre