Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
340
NOUVELLES LITTÉRAIRES

sément ou par la respiration ou avec les aliments, que de là ceux qui convenaient à chaque espèce se rendaient dans les parties des mâles propres à les renfermer où à les nourrir, et qu’ils passaient ensuite dans les femelles où ils trouvaient des œufs dont ils se saisissaient pour s’y développer. Selon cette idée, quel nombre prodigieux d’animaux primitifs de toutes les espèces ! tout ce qui respire, tout ce qui se nourrit ne respire que d’eux, ne se nourrit que d’eux. Il me semble cependant qu’à la fin leur nombre viendrait nécessairement à diminuer et que les espèces ne seraient pas toujours également fécondes. Voilà à peu près où sont demeurés les anatomistes et les physiciens au sujet de la génération. On fait contre tous ces systèmes des difficultés qui les rendent insoutenables. Il me reste à vous exposer le système auquel les recherches les plus exactes et les expériences les plus réitérées ont conduit M. de Buffon. Selon lui, le moyen le plus simple dont la nature puisse faire usage pour renouveler les êtres organisés, est de rassembler dans un être une infinité d’êtres organiques semblables et de composer tellement sa substance qu’il n’y ait pas une partie qui ne contienne un germe de la même espèce, et qui par conséquent ne puisse elle-même devenir en tout semblable à celui dans lequel elle est contenue. Cet appareil paraît d’abord supposer une dépense prodigieuse et entraîner la profusion. Cependant ce n’est qu’une magnificence assez ordinaire à la nature et qui se manifeste dans les vers, les polypes, les ormes, les saules, et dont chaque partie contient un tout qui par le seul développement peut devenir une plante ou un insecte. Suivant cette idée, un individu n’est qu’un composé d’une infinité de figures semblables et de parties similaires, lesquelles peuvent toutes se développer de la même façon selon les circonstances et en former de nouveaux tout comme le premier. Je n’entrerai point dans le détail des raisons métaphysiques et des expériences sur lesquelles M. de Buffon appuie cette opinion singulière. Je me contenterai de vous dire qu’il trouve que ce système s’étend non-seulement à la génération des animaux, mais encore à la reproduction des végétaux et des minéraux.

On ne peut disconvenir que cet ouvrage ne soit profond, mais il me semble que l’auteur n’a pas daigné proportionner son érudition, son style même, au commun des lecteurs. Il